Paul-Louis Courier

Courrierist, lampooner, polemist
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Citations de Paul-Louis Courier

Parler est bien, écrire est mieux ; imprimer est excellente chose. Car si votre pensée est bonne, on en profite ; mauvaise, on la corrige et l’on profite encore.
Pamphlet des pamphlets   
La noblesse n'est pas de rigueur pour entrer à l'Académie ; l'ignorance, bien prouvée, suffit.
Lettre à MM. de l’Académie  
Les gens qui savent le grec sont cinq ou six en Europe ; ceux qui savent le français sont en bien plus petit nombre.
Lettre à Monsieur Renouard, libraire   
Ce ne serait rien d'avoir tué quinze ou vingt mille hommes, par exemple. Avec cela on est à peine nommé dans l'histoire. Pour y faire quelque figure, il faut massacrer par millions.
Conversation chez la comtesse d'Albany  
L'offrande n'est jamais pour le saint, ni nos épargnes pour les rois, mais pour cet essaim dévorant qui sans cesse bourdonne autour d'eux...
Simple discours  
Femme qui prête l'oreille prêtera bientôt autre chose.
Lettres de France et d’Italie, A M. le général Dulauloy, 28 mai 1806  
Rendons aux grands ce qui leur est dû ; mais tenons-nous en le plus loin que nous pourrons, et, ne nous approchant jamais d’eux, tâchons qu’ils ne s’approchent point de nous, parce qu’ils peuvent nous faire du mal, et ne nous sauraient faire de bien.
Simple discours  
L'apostrophe, c'est la mitraille de l'éloquence.
Lettre X au rédacteur du Censeur  
Toutes choses ont leur progrès. Du temps de Montaigne, un vilain, son seigneur le voulant tuer, s’avisa de se défendre… Ce manant devinait les droits de l'homme. Il fut pendu, cela devait être. Il ne faut pas devancer son siècle.
Première lettre au rédacteur du Censeur  
De l'acétate de morphine, un grain dans une cuve se perd, n'est point senti, dans une tasse fait vomir, en une cuillerée tue, et voilà le pamphlet.
Pamphlet des pamphlets  
On écrit aujourd’hui assez ordinairement sur les choses qu’on entend le moins. Il n’y a si petit écolier qui ne s’érige en docteur. A voir ce qui s'imprime tous les jours, on dirait que chacun se croit obligé de faire preuve d'ignorance.
Lettre à M. Renouard, libraire  
Laissez le gouvernement percevoir des impôts et répandre des grâces ; mais, pour Dieu, ne l'engagez point à se mêler de nos affaires. Souffrez, s'il ne peut nous oublier, qu'il pense à nous le moins possible. Ses intentions à notre égard sont sans doute les meilleures du monde, ses vues toujours parfaitement sages, et surtout désintéressées ; mais, par une fatalité qui ne se dément jamais, tout ce qu'il encourage languit, tout ce qu'il dirige va mal, tout ce qu'il conserve périt, hors les maisons de jeu et de débauche.
Lettre II au rédacteur du Censeur  
Tant il y a qu’il n’y a plus moyen de gouverner, surtout depuis qu’un autre émissaire de l’enfer a trouvé cette autre invention de distribuer, chaque matin, à vingt ou trente mille abonnés une feuille où se lit tout ce que le monde dit et pense.
Lettre IX au rédacteur du Censeur  
Je n'ai fait pour être des vôtres que quarante visites seulement, et quatre-vingts révérences, à raison de deux par visite. Ce n'est rien pour un aspirant aux emplois académiques ; mais c’est beaucoup pour moi, naturellement peu souple et neuf à cet exercice.
Lettre à MM. de l’Académie   
Insensé qui croit asservir et se dispenser d'obéir...
Lettre X au rédacteur du Censeur  
M'est avis que cet enchaînement de sottises et d'atrocités qu'on appelle histoire ne mérite guère l'attention des hommes sensés.
Lettre à M. Guilhem de Sainte-Croix, 12 septembre 1806  
Mieux vaut tuer un marquis, disent les médecins, que guérir cent vilains : cela vaut mieux pour le médecin ; pour les ministres non ; mieux vaut tuer les vilains.
Lettre X au Censeur, 10 avril 1820  
Mais une notice d'un livre par quelqu'un qui ne l'a point lu est une bouffonnerie toute neuve.
Lettre à M. Renouard, libraire  
Prions Dieu pour lui [Paul-Louis], mes amis, et que son exemple nous apprenne à ne jamais dire ce que nous pensons des gens qui vivent à nos dépens.
Aux âmes dévotes de la paroisse de Véretz 1821  
Il faut hurler avec les loups, d'autres disent braire avec les ânes, mais il ne faut pas s’aller fourrer parmi les ânes et les loups.
Lettre à sa femme, 24 décembre 1819  
Elles [Les Calabraises] sont noires dans la plaine, blanches sur les montagnes, putains partout ; Calabraise et braise, c'est tout un.
Lettre de France et d'Italie à un destinataire inconnu, 1805  
Qu'on mette un roi à Genève avec un gros budget, chacun quittera l'horlogerie pour la garde-robe.
Livret de Paul-Louis, vigneron  
Il n'est vilain qui, pour se faire un peu décrasser, n’aille du roi à l’usurpateur et de l’usurpateur au roi, ou qui, faute de mieux ne mette au moins un de à son nom.
Lettre à MM. de l’Académie  
Ainsi M. Decazes [ministre favori de Louis XVIII], absorbé tout entier dans la contemplation de l'étiquette, des présentations, des tabourets, des préséances, ne nous méprise pas, à proprement parler, il nous ignore.
Lettre VIII au rédacteur du Censeur  
La postérité ne se doutera jamais combien, dans ce siècle de lumières et de batailles, il y eut de savants qui ne savaient pas lire et de braves qui faisaient dans leurs chausses.
Lettre de France et d'Italie, à un inconnu, août 1806
Il n'y a, pour les nobles, qu'un moyen de fortune, et de même pour tous ceux qui ne veulent rien faire: ce moyen, c'est la prostitution. La cour l'appelle galanterie.
Procès de Paul-Louis Courier
Vous êtes bien bon de vous occuper des grands hommes. J’en ai vu depuis deux ou trois : c’étaient de plats personnages.
Lettre à M. Clavier, 20 mars 1810
Si l’on savait ce que c’est, les rois descendraient du trône et personne n’y voudrait monter.
Lettre à M. et Mme Thomassin, 12 octobre 1809
Mais dites-moi, je vous prie, vous qui avez couru, sauriez-vous un pays où il n’y eût ni gendarmes, ni rats de cave, ni maire, ni procureur du roi, ni zèle, ni appointements (…) ni généraux, ni commandants, ni nobles, ni vilains qui pensent noblement ? Si vous savez un tel pays, montrez-le-moi, et me procurez un passeport.
1ère Lettre particulière
Justice, équité, providence ! vains mots dont on nous abuse ! Quelque part que je tourne les yeux, je ne vois que le crime triomphant, et l’innocence opprimée.
Pétition aux deux Chambres
On est quelque chose en raison du mal qu’on peut faire.
IIe Lettre au Censeur
Tout vice vient d’oisiveté, tout désordre public vient du manque de travail.
Ve Lettre au Censeur
La vie est un brelan où celui qui laisse voir son jeu est assuré de perdre.
Lettre à sa femme, 4 mai 1819
Trop d’aise le rend insolent [le peuple] ; il faut le faire payer pour lui ôter ce trop d’aise. Trop peu l’empêche de payer ; il faut lui laisser quelque chose comme aux abeilles on laisse du miel et de la cire.
VIe Lettre au Censeur
Chacun se lance ; non : à la cour, on se glisse, on s’insinue, on se pousse.
VIIIe Lettre au Censeur
Je suis Tourangeau, j’habite Luynes…
Pétition aux deux Chambres
Soldat pendant longtemps, aujourd’hui paysan, n’ayant vu que les camps et les champs, comment saurais-je donner aux vices des noms aimables et polis ?
Procès de Paul-Louis Courier
Quelque grands que soient nos péchés, nous n’avons guère maintenant le temps de faire pénitence. Il faut semer et labourer.
Pétition pour des villageois
Je conteste fort peu : j’aime la liberté par instinct, par nature.
Ière Réponse aux anonymes
Né d’abord dans le peuple, j’y suis resté par choix. Il n’a tenu qu’à moi d’en sortir comme tant d’autres qui, pensant s’ennoblir, de fait ont dérogé.
Ière Réponse aux anonymes
Une pensée déduite en termes courts et clairs, avec preuves, documents, exemples, quand on l’imprime, c’est un pamphlet et la meilleure action, courageuse souvent, qu’homme puisse faire au monde.
Pamphlet des pamphlets
Oh ! qu’une page pleine dans les livres est rare ! et que peu de gens sont capables d’en écrire dix sans sottises.
Pamphlet des pamphlets
La gloire aujourd’hui est très rare : on ne le croirait jamais ; dans ce siècle de lumières et de triomphes, il n’y a pas deux hommes assurés de laisser un nom.
Lettre à M. Renouard, libraire
La Charte vint, on me dit : Parlez, vous êtes libre, écrivez, imprimez (…) Moi pauvre, qui ne connaissais pas le gouvernement provocateur, pensant que c’était tout de bon, j’ouvre la bouche et (…) on me met en prison.
Ière Réponse aux anonymes
(…) Mon but était de faire quelque chose qui fût bien et il paraît que j’ai parfaitement réussi.
Lettre à sa femme du 10 juin 1821
(…) Nous aimons mieux, après la danse, une omelette au lard, dans le cabaret prochain, que le murmure des eaux et l’émail des prairies.
Pétition pour des villageois
J’aime mieux vous dire en un mot ce qui me distingue, me sépare de tous les partis, et fait de moi un homme rare dans le siècle où nous sommes ; c’est que je ne veux point être roi, et que j’évite soigneusement tout ce qui pourrait me mener là.
Lettre à MM. de l’Académie
Ceux là vraiment ne meurent point dont la pensée vit après eux.
Conversation chez la comtesse d’Albany
Un homme ne saurait s’élever sur les tréteaux de l’ambition qu’à l’aide de quelque autre ; mais personne n’y veut faire monter d’acteur qui joue mieux que lui.
Conseils à un colonel
Dès l’âge où j’ai commencé à faire quelque usage de mon intelligence, j’ai eu le désir de m’instruire, et la passion de l’étude.
Éloge de Buffon
La vérité, dites-vous, ne veut aucun ornement ; tout ce qui la pare, la cache. Peignez-la donc nue mais belle ; qu’elle frappe et plaise en même temps.
Éloge de Buffon
La douleur raisonne peu. Comme elle ébranle au contraire la raison la plus ferme et trompe le sens le plus droit !
Consolations à une mère
La prairie une fois fauchée, que fait à telle ou telle fleur d’être tombée le soir ou le matin ?
Consolations à une mère
L’éloquence vit de passions, et quelles passions voulez-vous qu’il y ait chez un peuple de courtisans, dont la devise est nécessairement : Sans humeur et sans honneur.
Lettre à M. Bosquillon, après le 28 mars 1811
J’ai eu à me plaindre des grands, des femmes, de mes amis et de moi-même. J’ai pardonné à tout le monde, et gardant toujours la même indulgence, je m’abandonne à la fortune, content qu’elle ne me mette jamais ni trop haut ni trop bas.
Lettre à Dalayrac, 24 mars 1805

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