Paul-Louis Courier épistolier, pamphlétaire, helléniste |
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Ils ont dit de lui ...Johann Wolfgang von Goethe Courier est un grand talent naturel, qui a des traits de Byron, et aussi de Beaumarchais et de Diderot. Il a de Byron la présence parfaite de tout ce qui peut lui servir comme arguments ; de Beaumarchais sa grande dextérité d’avocat ; de Diderot, la dialectique, et avec cela, il est si spirituel qu’on ne peut l’être davantage. Conversations recueillies par Eckermann 1823-1832 Henri Beyle dit Stendhal Je conseille à tous les Anglais qui aiment l’esprit français, l’esprit à la Voltaire, de rechercher curieusement les moindres opuscules de M. Courier… Courier est peut-être l’écrivain vivant qui connaît le mieux sa langue, toutes ses finesses et toutes ses délicatesses. Courrier Anglais, 24 décembre 1824 M. Courier est peut-être l’homme de France qui, depuis Voltaire, a écrit le pamphlet avec le plus de piquant, de malignité, et surtout avec une verve de plaisanterie qui ne permet jamais à son lecteur de ne pas pouffer de rire aux dépens du pauvre diable qu’il a entrepris de ridiculiser. Courrier Anglais, 21 avril 1825 Armand Carrel Les premières pages qu’il livre au public révèlent un écrivain
tel que la France n’en avait pas eu depuis Pascal et La Fontaine. Notice de présentation aux œuvres complètes de Paul-Louis Courier, édition Sautelet, 1829 Honoré de Balzac Les délicieux pamphlets de Courier, lus après les circonstances qui les ont suscités et qui les ont fait comprendre, ressemblent à des carcasses de feu d’artifice. Cette portion des œuvres de cet homme remarquable ne saurait être populaire : il y a quelque chose de trop élevé dans ce style concis, trop de nerf dans cette pensée rabelaisienne, trop d’ironie dans le fond et dans la forme, pour que Courier plaise à beaucoup d’esprit. Le feuilleton des journaux politiques, 1830 Emmanuel Viollet-le-Duc Cet écrivain qui maniait si habilement le sarcasme, sous la plume duquel la satire était mordante et quelquefois cruelle, devenait l’homme le plus doux dans la discussion ; le plus accessible à la raison, dès qu’il avait reconnu le principe d’une opinion, quand bien même il n’en eût pas admis la conséquence. La bonne foi était sa vertu. Revue encyclopédique, septième année – mai 1825 François-René de Chateaubriand Si les arbres sous lesquels fut tué Courier existent encore, qu’est-il resté dans ces ombrages, que reste-t-il de nous partout où nous passons ? Paul-Louis Courier aurait-il cru que l’immortalité pouvait porter la haire et se rencontrer dans les larmes ? Le réformateur de la Trappe a grandi à Véretz ; l’auteur du Pamphlet des pamphlets a diminué. La vie dans sa pesanteur descendit sur un esprit qui s’était dressé pour morguer le ciel. Chose remarquable ! Courier, le philosophe, a fait ses adieux au monde par les mêmes paroles que Rancé, le chrétien, avait perdues dans les bois : « Détournez de moi le calice ; la ciguë est amère. » Vie de Rancé, livre second, 1844 Claude Tillier Timon est, avec Paul-Louis Courier, presque le seul écrivain que je connaisse… Lettre à Timon du 25 mai 1841 Sainte Beuve Délicat et quinteux, misanthrope et pourtant heureux, jouissant des beautés de la nature, adorant les anciens, méprisant les hommes, ne croyant surtout pas aux grands hommes, faisant son choix de très peu d’amis. Causeries du lundi, 1852 Paul Léautaud Un très grand plaisir littéraire, hier au soir et ce soir. Lu pour la première fois Paul-Louis Courier, dans deux petits volumes de la « Bibliothèque Nationale ». Il faut que je dise à Gourmont de faire un Courier dans la collection des Plus belles Pages. Journal littéraire, samedi 13 mars 1909 Robert Gaschet Qu’on préfère ses « Lettres » ou qu’on goûte ses « Pamphlets », il restera dans la littérature française comme un type d’écrivain unique et rare, car tout ce qui est sorti de sa plume offre le caractère de la perfection. Paul-Louis Courier et la Restauration, 1913 Emile Faguet Il faut dire encore à l’honneur de Paul-Louis Courier qu’il a été pour ainsi parler un bon chef d’école des journalistes, un bon « maître de chœur » de la littérature politique par le seul respect qu’il avait de sa plume. Lui qui ne respectait quasi rien a eu la vénération de bien dire. Il a eu horreur de cette improvisation négligée que la littérature politique et la polémique semblent comme autoriser. Il voulait qu’une brochure, qu’un article fût une œuvre d’art et si possible un chef-d’œuvre littéraire. Cette leçon et cet exemple n’ont pas été perdus, et à partir de lui les Français se sont piqués d’être aussi bons écrivains dans un journal que dans un livre. Préface de «Lettres et Pamphlets» édité chez Nelson/Lutetia en 1917 Anatole France On y trouve peu de doctrine, point de système, mais beaucoup de raison et d’humanité. Discours prononcé à Véretz, le 8 septembre 1918 Charles Maurras Comme Paul-Louis Courier, de qui le style fait honte aux idées, mais beaucoup plus haut pour l’intérêt de la matière et la valeur de l’esprit, Henri Beyle est incomparable quand il s’agit de sentir juste, de voir clair et à fond, de donner en quelques paroles très simples l’abrégé des méandres d’une vie ou d’une pensée. Rome, Naples et Florence, 1919 Eric Auerbach Ce sont donc des courants très hétérogènes et des arts étranges qui s’unissent
en la personne littéraire de Courier. La simplicité de ses idées et la précision de son style sont trompeurs.
Mais ils ne l’ont pas toujours été. Avant de s’adonner à des propos politiques haineux et à des habillements
antiquisants et bucoliques, il avait été véritablement naturel et vivait dans la meilleure tradition française. Traduction de Laurence Pellegrini et Dominique Soulas de Russel «Vier Untersuchungen» 1926 Albert Thibaudet Chez l’auteur des Pamphlets, le Français, le propriétaire et l’humaniste collaborent en un style unique. C’est un style d’héritier. Héritier jaloux d’une belle fortune, Courier est l’héritier non moins jaloux d’un patrimoine littéraire, où il occupe deux domaines, les oliviers d’Attique et les jardins de Touraine. Histoire de la littérature française de Chateaubriand à Valéry, chapitre XIII, 1936 Julien Benda Lors d’une réception à la N.R.F., Paul Léautaud et Julien Benda ont un échange sur Charles Maurras.
- Voyons, Benda ! Maurras est tout de même un écrivain. Journal littéraire de Paul Léautaud, 30 juin 1939 Robert Desnos Lisez Paul-Louis Courier, je vous promets de belles surprises. Aujourd’hui, 1941 Jean Guillon Le français du pamphlétaire, c’est le parler de Touraine haussé à la dignité littéraire […] Ce parler paysan, il l’a enrichi de tours de phrases, de mots drus et savoureux qu’il est allé chercher dans nos meilleurs conteurs du 16e siècle et dans l’œuvre de La Fontaine. Paul-Louis Courier, Pamphlets politiques, 1961 Geneviève Viollet-le-Duc […] il était nerveux, emporté, impulsif en même temps qu’indécis ; dans ses lettres il change trois fois d’idées en dix lignes. Mais ses accès d’humeur passaient vite, d’après ceux qui l’ont bien connu. Son état de santé déplorable et sa manière plus déplorable encore de se soigner, n’ont certainement pas peu contribué à son manque d’équilibre nerveux. Mais sans ses nerfs à fleur de peau, ses pamphlets auraient-ils eu le même mordant ? Paul-Louis Courier, Correspondance générale, tome 3, 1985 Jean-Pierre Lautman Paul-Louis n’est pas un homme du passé, il est notre contemporain et, quand nous-mêmes ne serons plus, il restera le contemporain du monde provisoire dans sa forme et, après remplacement de cette dernière par une autre, continuera d’interpeller les hommes. Paul-Louis Courier ou La plume indomptée, 2001 Barbara Dimopoulou Le peuple de Courier n’est pas une imposture. Il se situe entre le vrai et le faux : vrai, puisque les mœurs de la Restauration y sont décrites de telle façon que toute la France s’y est reconnue ou s’est plu à s’y reconnaître ; faux, car ce peuple sort directement des livres que Courier a le plus chéris dans sa vie. Société Stendhal aujourd’hui, Courier, Stendhal et la polémique politique et littéraire sous la monarchie constitutionnelle, mai 2004 Vittore Collina Avec ses pamphlets Courier a lutté pour le respect de la loi, contre les abus du pouvoir, la corruption de la cour, pour la petite propriété, pour nourrir l’esprit national, l’amour de la patrie. Cette lutte a eu des effets sur l’opinion publique. Le pamphlet semble donc répondre à l’appel du futur et à l’idée que l’humanité peut faire l’histoire. Le monde « qui va de soi » dans le jeu des ironies se renverse et de ce renversement, on peut deviner que les siècles d’attente sont un scandale, que les droits de l’homme sont une conquête à défendre, que la justice est le but à poursuivre. De cette façon scepticisme et inertie s’éclipsent ou, au moins, sont assez réduits. La Pensée politique dans les pamphlets Michel Crouzet Courier est un pamphlétaire de circonstance. Il suit son tempérament, succombe à son humeur : un peu noire. L’écrivain est inspiré par les mouvements profonds de son moi. Un moi absolu, qui vit dans l’intransigeance, et ignore le compromis : dans toute relation, en politique, en tout. Une écriture du défi, 2007 Marc Fumaroli Les genres dans lesquels a brillé Courier (le dialogue, la correspondance, le pamphlet), genres courts, il les pratique comme si les Lumières voltairiennes, se résumant et s’aiguisant en lui, pouvaient faire échec à l’hypocrisie de la Restauration. Il est une preuve vivante que la littérature ne marche pas au pas cadencé et qu’elle n’est pas le reflet docile de la société, comme le prétendait M. de Bonald. Introduction à la demi-journée Paul-Louis Courier organisée par l’Association Internationale des Études Françaises à l’E.N.S. de la rue d’Ulm, le 9 juillet 2007 |