Paul-Louis Courier

épistolier, pamphlétaire, helléniste
photo1 photo2
 
prec De M. Boissonade de Paris le 9 avril 1810 De M. Renouard Du docteur Bosquillon de Paris le 14 avril 1810 Suiv

A Monsieur Courierle 9 avril 1810
Monsieur Courier
Chez M. Gherardo de Rossi
Banquier à Rome

Monsieur,

J Corriere Milanese 14 gennajo 1811 Corriere Milanese 14 gennajo 1811
 
’ai reçu votre lettre du 21 mars[1], et le volume qu’elle m’annonçait. Je vous en fais mes remerciements.
Par cette même lettre je vois que vous ne vous êtes pas concerté avec M. Fauchet de qui je ne reçois non plus aucune réponse. Sans doute que cette belle affaire devait être traitée avec mépris, mais même être entièrement laissée de côté ; cependant tout obscurs que vous croyez ces journaux italiens, il n’est pas moins vrai que l’article est parfaitement connu à Paris et dans le sens présenté dans le journal, ce qui n’est nullement gracieux pour moi. Afin qu’il n’en soit plus question, je vous demande une note que je regarde comme indispensable, et vous êtes trop honnête pour me la refuser. Ce sera à peu près ce que je voulais avoir de M. Furia, mais il est peut-être encore plus simple, et plus juste que ce soit vous qui mettiez cette note. Elle consistera à dire que l’article inséré dans le Corriere Milanese du 23 janvier[2] ne concerne en aucune manière le libraire français qui y est désigné, que ce libraire était même absent de Florence lorsque cet accident est arrivé au manuscrit grec, et que cet accident consistant en une tache d’encre beaucoup moindre qu’on a bien voulu le dire, a eu lieu dans la bibliothèque même, en présence des bibliothécaires, par une inadvertance de M. Courier qui n’est point libraire.
Vous sentez que cet accident arrivé par inadvertance d’un travailleur n’est rien, absolument rien, et qu’au contraire tant qu’on lui laissera ce motif de basse spéculation, qu’on s’est plu à prêter à une personne faisant commerce de livres, il reste une impression défavorable que je ne méritai jamais, pour quoi que ce soit, et que je ne veux pas laisser subsister. Je me suis entretenu de cet objet avec M. Lamberti qui en sent toute l’importance ; ayez la bonté de lui adresser votre note, et qu’enfin je n’ai plus à me chagriner d’une affaire, qui au lieu de la satisfaction que j’avais droit d’en attendre, ne m’a donné que des désagréments.
Je suis charmé que vous ayez l’intention de venir à Paris, et le plus tôt sera pour moi le mieux.
Je vous salue bien sincèrement[3].

Ant. Aug. Renouard


[1] Sans doute s’agit-il de la lettre datée d’avril, sans précision de date. Reste à savoir pourquoi Renouard arrête cette dernière au 21 mars.  Note1
[2] Décidément, Renouard semble brouillé avec les dates. Le Corriere Milanese ne date pas du 23 mais du 14 janvier 1810. L’article impute la responsabilité de la tache d’encre sur le manuscrit de Longus au pauvre libraire qui n’y fut pour rien. On sait que Courier est l’auteur de cette tache ; il le reconnut d’ailleurs par un bref écrit remis le jour même de « l’accident » survenu le 10 novembre 1809. Renouard demanda plusieurs fois à Courier de le laver, lui, libraire français dont l’honneur était souillé par cette accusation portée explicitement contre lui en ces termes, traduits en français : « il a été commis ici, tout récemment, un acte de vandalisme qui prouve à quel point la cupidité peut aveugler, dans le domaine des vrais intérêts de la littérature. […] Ce libraire (Renouard) copia donc avec le plus grand soin le fragment qui n’avait pas encore été publié, puis il rendit le manuscrit. Les conservateurs, en le recevant, s’aperçurent que toute la partie, jusqu’alors inédite, était couverte d’encre, et ils se répandirent en lamentations. Le libraire s’excusa en disant que malheureusement son encrier s’était renversé sur les feuillets… »
Le nom de Renouard n’est pas cité dans cet article embrouillé qui n’aida en rien à faire la lumière sur cette affaire. Or Courier resta dans l’ombre pendant que l’infortuné Renouard était exposé en pleine lumière.  Note2
[3] On voit que Renouard n’était pas rancunier avec Courier qui s’éternisait à ne pas rectifier les erreurs grossières du journal italien alors que les bibliothécaires avaient officiellement démenti les informations du Corriere Milanese et avaient rétabli en février la vérité et mis Courier en cause.  Note3

trait

prec De M. Boissonade de Paris le 9 avril 1810 Home
Début
Du docteur Bosquillon de Paris le 14 avril 1810 Suiv