Paul-Louis Courier

épistolier, pamphlétaire, helléniste
photo1 photo2
 

Hommage de poètes

P aul-Louis Courier paraissait peu attiré par la poésie. Non qu’il ait condamné les poètes à l’image de Platon qui voulait les faire sortir de la cité mais en raison d’une grande pudeur d’expression de ses sentiments. Il fut d’ailleurs capable d’en composer et nous en connaissons un qui, tout en étant badin et enjoué, effleure l’amertume d’avoir à choisir entre deux femmes. Il l’écrivit le 19 mai 1814 en se remémorant Rosa, son adorable maîtresse romaine, définitivement abandonnée pour convoler quelques jours plus tôt en justes noces avec Herminie Clavier. Au passage, ce poème contient une anomalie. Est-ce une erreur de transcription ou faut-il l’imputer à Paul-Louis ? Il s’agit de l’utilisation de la préposition « sur  ». Sans doute faut-il plutôt « sous  », car la coudrette, comme chacun sait est un ensemble de coudriers, c’est-à-dire de noisetiers à l’ombre desquels Paul-Louis devait souvent se trouver avec Rosa pour batifoler et sacrifier au culte d’Aphrodite. Ce mot de nos jours un peu oublié sera utilisé par Courier avec la préposition adéquate dans la Pétition pour des villageois… dans laquelle il écrit : « Malgré l’arrêté, on dansa hors du village, au bord du Cher, sur le gazon, sous la coudrette… »

L'amour de Choffard (1772) L'amour de Choffard (1772)
 


L’amour de Minette
M’occupa longtemps.
Mais franche coquette
Elle a des amants
Et vit en cachette
De mes quarante ans.
Hélas je regrette
Ces heureux instants
Où sur la coudrette
J’étais si content
Près de ma Rosette.
Tel souci pourtant
Pas trop m’inquiète
Soyons plus constant ;
Gai, foulons l’herbette ;
J’abandonne aux vents
L’amour de Minette.

La poésie rend hommage à ce qui et à ceux qui incarnent valeur aux yeux des hommes. Elle est une manière singulière de traduire l’émotion et constitue un art majeur et de tout temps valable. Les Grecs avaient attribué à Erato, l’une des neuf Muses, le pouvoir de présider aux clameurs de la poésie. Elle se servait d’une lyre car la poésie grecque était d’abord chantée. Nous ne possédons plus guère d’aèdes de nos jours, mais des poètes, oui. Quelques-uns ont « chanté  » à leur manière les mérites du pamphlétaire. Il était naturel qu’ils prissent place dans ce site consacré à Courier.


ligne

Home