Paul-Louis Courier

épistolier, pamphlétaire, helléniste
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prec Relevé des services de Paul-Louis Courier [Sans mention] Sans mention de Zurich le 25 juillet 1809 Suiv

Strasbourg, le 18 juillet 1809


É Marianna Dionigi Marianna Dionigi

 
crivez-moi, Madame, dès que vous aurez reçu cette lettre, car voilà bien du temps que je n'ai eu de vos nouvelles. J'ai tant couru jusqu'à présent que je ne pouvais vous donner d'adresse certaine ; maintenant, sans être plus stable, je dépends plus de moi-même, et puis mieux savoir ce que je deviendrai, sauf les hasards ordinaires de la vie. Adressez vos lettres à M. Courier, à Strasbourg, poste restante ; elles me parviendront, quelque part que je sois, et je serai en Suisse, selon toute apparence. Je vais là pour fuir la rage de la canicule, en me rapprochant de vous. Je veux passer dans ces montagnes tout le temps des chaleurs. J'en descendrai au mois d'octobre. Alors il fera bon chez vous, et j'irai vous voir, non seulement cet hiver, mais tous les hivers. C'était là mon ancien projet, mon plus beau château en Espagne, et le plus cher de mes rêves, que rien ne m'empêche aujourd'hui de réaliser.
Ma dernière lettre à vous était, je crois, de Milan. J'ai toujours voyagé depuis. J'ai traversé en plus d'un sens la France et l'Allemagne. J'arrive maintenant de Vienne. J'ai vu de près les grands événements, et j'ai à vous faire des récits sans fin, quand nous nous reverrons, s'entend ; car de vous en écrire seulement la dixième partie, mille plumes n'y suffiraient pas.
S'il y avait quelque chose que je pusse espérer de M. Amati, je le prierais d'achever enfin le petit travail dont il s'est chargé pour moi[1], et de l'avoir prêt pour le temps de mon arrivée à Rome. Je sais bien qu'il me le promettra sans la moindre difficulté, mais je sais aussi le fond qu'on peut faire sur ses promesses. Vous, Madame, qui devez avoir quelque crédit sur son esprit, mêlez-vous un peu de cette affaire, et obtenez de lui qu'il remplisse ses engagements, sans quoi je vois bien qu'il y faut renoncer.
Je finis comme j'ai commencé, en vous priant de m'écrire. C'est pour cela seul que je vous écris, moi ; car je suis sûrement le plus paresseux de tous vos correspondants, et vous n'auriez guère de mes nouvelles si je pouvais me passer des vôtres.


[1] Une collation de l’Anabase de Xénophon.  Note1

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