Paul-Louis Courier

épistolier, pamphlétaire, helléniste
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Château de Chambord par Pierre-Denis Martin Château de Chambord par Pierre-Denis Martin
 
C onstruit non loin de Blois sous le règne de François 1er sur des marécages pour servir de « relais de » chasse, le château de Chambord accueillit plusieurs fois Louis XIV accompagné de Mme de Montespan puis Mme de Maintenon et d’une part choisie de la Cour. Le 11 octobre 1670, Molière et Lulli y donnèrent la 1e représentation du Bourgeois gentilhomme. Stanislas Leczinski et son épouse y séjournèrent huit années.
En 1748, Louis XV l’offre en apanage au vainqueur de Fontenoy, Maurice de Saxe.
En 1793, le mobilier est vendu aux enchères et le château de Chambord reste sans propriétaire ni occupant. Qu’en faire ?
Napoléon en fait don à son fidèle Berthier ainsi que la somme de cinq cent mille francs, charge au nouveau propriétaire de l’entretenir et le restaurer. Après la mort tragique du prince de Wagram survenue le 1er juin 1815, sa veuve, privée de pension ne peut continuer de faire face aux lourdes dépenses. Louis XVIII remonté sur le trône, son ministre des finances envisage de reprendre l’ensemble et de tout vendre en lots. Le produit de ces ventes devra principalement servir pour doter les héritiers de Berthier. Le 11 août 1819, le roi autorise cette procédure. Aussitôt, la rumeur se répand que cet immense domaine va tomber dans les mains de la bande noire dont Courier défend la cause dans la Ve Lettre au Censeur. Il faut à tout prix empêcher cela.
L’histoire s’emballe. Le 13 février 1820, le duc de Berry est assassiné à la sortie de l’Opéra par Louvel. Il est l’unique espoir de donner un successeur mâle à la branche aînée des Bourbons. Cet événement entraîne la chute du ministère Decazes, ramène au pouvoir les ultras et met une muselière à la liberté de la presse. Courier s’exprimera d’ailleurs sur ce dernier point dans ses lettres IX et X au Censeur.
Un mois après l’assassinat, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre : la duchesse est enceinte ! Espoir et angoisse : la branche aînée sera-t-elle sauvée ?
Elle le fut. Le 29 septembre 1820, Marie-Caroline donne naissance à un garçon connu plus tard sous le nom de duc de Bordeaux ou… comte de Chambord.
Cet « enfant du miracle » prénommé Henri stimule l’imagination de certains courtisans. C’est le cas du maréchal des logis de la Maison du roi, le comte Adrien de Calonne. Habilement, pour sauver de la destruction ce symbole de l’Ancien régime qu’est Chambord, il propose de lancer une souscription auprès des particuliers et des communes de France en vue de racheter Chambord. Et de l’offrir… au prince nouveau-né !
La France « monarchisée » accepte de souscrire ; les mauvais sujets, non. Mais il n’est guère facile aux maires de se dérober. Tous organisent une, voire plusieurs réunions du Conseil grossi des principaux contribuables pour étudier les suites à donner au lancement de cette souscription nationale.
La France répond : Montpellier vote trois mille francs, Riom mille et Blois, six mille…
En Touraine, la commune d’Amboise verse trois cents francs, Saint-Avertin cent, Cormery cent cinquante, Monnaie quarante, Cinq-Mars cinquante-cinq, Azay-le-Rideau quatre cents, Tours deux mille… D’autres Conseils refusent de souscrire tels que Morand, village proche de Château-Renault, Notre-Dame d’Oë et, selon toute vraisemblance Véretz dont les finances et le zèle monarchiste n’étaient pas brillants.
Les particuliers ne se bousculent pas au portillon pour souscrire. Seuls les fonctionnaires sont enclins à donner. On se demande bien pourquoi.
Courier, « le plus petit des grands propriétaires », prendra place aux réunions organisées par le maire Archambault-de Beaune sur certains sujets. Mais la question de la souscription ne laissa pas de traces connues. On peut en conclure que le maire ne se hasarda pas à convoquer une réunion-débat sur la souscription de peur d’essuyer un camouflet. L’intervention plutôt réservée que le vigneron de la Chavonnière eût eue dans cette affaire de pure courtisanerie est facile à imaginer.
Il clame son opinion au grand jour par l’impression, chez Bobée, fin avril 1821, du Simple discours.
Le 14 mai est signée une ordonnance de saisie de cet opuscule avec poursuite en Cour d’assises des protagonistes de l’entreprise.
L’audience a lieu à Paris le 28 août 1821 : Courier est condamné à deux mois de prison et deux cents francs d’amende et Bobée relaxé. Courier devient une célébrité dans tout le royaume.
Le chansonnier Béranger qui a compris combien la persécution dessert la Restauration qu’il exècre et ne tardera guère à résider lui aussi à Sainte-Pélagie, déclare : « A la place de M. Courier, je ne donnerais pas ces deux mois de prison pour cent mille francs. »
En réponse à cette sentence, Courier écrit coup sur coup un court texte Aux âmes dévotes de la paroisse de Véretz, pages vives et incisives qui ridiculisent la justice puis, fin octobre, le Procès de Paul-Louis Courier, feu d’artifice qui brocarde le pouvoir et son bras armé, l’avocat général de Broë.


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