Paul-Louis Courier

épistolier, pamphlétaire, helléniste
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Prix Louis Desternes

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’assemblée générale 1994 de la SAPLC fut la dernière qu’Edith Desternes honora de sa présence. Elle avait fait exprès le voyage pour informer la société de son désir de créer un prix portant le nom de son père. Son âge fort avancé (93 ans !) montra combien ce projet lui était cher. Elle ne savait encore à qui confier la gestion de ce prix : société ou Université de Tours ?
S’étant décidé pour l’Université assurée de perdurer, elle prit contact avec le président de l’Université Henri Mouray. Commença alors un redoutable parcours d’obstacles qui la désespéra. Elle s’ouvrit dans un courrier qu’elle traça de sa grosse écriture au feutre (sa vue était en net déclin) de ses intentions à la société peu de temps avant l’assemblée générale de 1995. C’est la fidèle transcription de cette lettre d’elle, ultime lien avec la SAPLC, qu’on trouvera ci-dessous.
Cette lettre comportait cinq pages. Nous avons fait précéder d’un chiffre les parties qui correspondent à chacune des pages. [Page 1] Monsieur le Président,
Chers amis de Paul-Louis Courier,
Avant tout je vous vous dire combien ma pensée est avec vous, en ce jour de réunion et d’amitié. Mon profond regret est de ne pouvoir être parmi vous.
Je puis vous dire que depuis ma lointaine et tendre


[Page 2] enfance je connais je vis avec Paul-Louis Courier… Tout d’abord parce que mon père jeune professeur agrégé de lettres nommé à Tours1 a découvert ce personnage original cet écrivain éblouissant et n’a cessé de s’intéresser à lui en cherchant à comprendre toutes les énigmes de sa vie.
Après Louis Desternes, ma sœur Suzanne Desternes,


[Page 3] historienne, prenant la relève a rassemblé, pour ses travaux, ses recherches un ensemble de 450 volumes sur PL Courier et son époque, légué à la bibliothèque universitaire de Tours Fonds Louis Desternes.
Imprégnée du sujet je puis vous dire combien m’est chère notre association et la place


[Page 4] qu’elle tient en mon cœur. C’est pourquoi j’ai souhaité de mon vivant… ce prix dont on va vous parler. Depuis 2 ans je lutte pour sa création et croyez moi… cela n’est pas facile !
Tous réunis apportons notre soutien à l’association des amis de P L Courier


[Page 5] faire revivre ce bel esprit trop longtemps oublié dans la belle Touraine.

ED

Il fallut trois années de patience et de détermination au président Mouray pour obtenir que le prix soit officialisé par décret du Conseil d’Etat.
Il s’en ouvrit dans son discours prononcé le 15 mars 1997. En effet, ce jour-là, M. Philippe Raimbault recevait des mains du président de l’université François-Rabelais de Tours le premier prix Louis-Desternes. Malheureusement pour elle, Edith Desternes était malade et dans l’impossibilité de se déplacer. Elle se fit représenter par madame De Vère.
On trouvera ci-dessous les discours prononcés à cette remise de prix. D’abord celui du président Mouray puis celui de madame De Vère.




Discours du Président Mouray


Mesdames, Messieurs,

Nous voici réunis pour célébrer, avant tout, les mérites d’un jeune lauréat, mais avant je tiens à faire l’historique de ce prix et à rendre hommage à la bienveillante fondatrice, Edith Desternes.
Parmi les nombreuses occupations qui sont les miennes et qui sont fort chargées depuis quelques années, je pris connaissance de la volonté exprimée par Edith Desternes de léguer un fonds pour créer un prix Louis-Desternes, en hommage à son père. C’est ainsi que le 28 août 1995, je rencontrai Edith Desternes sur les bords de la Loire, aux confins du Berry, du Nivernais et de la Sologne du Loiret, qui résidait en ces lieux. Je dois dire que ce furent deux heures fort agréables en compagnie de cette très grande dame.
Elle m’exposa alors son objectif : perpétuer le souvenir de son père, Louis Desternes, au moyen d’un prix attribué à un travail sur l’œuvre de Paul-Louis Courier.
Pourquoi ce prix ? Et pourquoi l’université François-Rabelais de Tours ? C’est ce qu’il m’appartient de vous dire.

Pourquoi ce prix ? Eh bien parce qu’Edith Desternes, qui est un peintre de talent – dont j’eus le plaisir d’apprécier les œuvres lors de ce voyage – fit au cours de sa carrière de peintre de nombreuses expositions, tant à Paris, la ville où elle vivait le plus souvent, qu’en province ou à l’étranger. Sociétaire du Salon d’automne, médaille d’or de la ville de Paris, prix du Gemmail de France, ses œuvres ont donc été largement diffusées, en France comme à l’étranger. Son talent et sa convivialité lui ont rendu familiers nombre d’artistes et d’écrivains, particulièrement Français contemporains. C’est dire que les deux heures que je passai avec elle furent un ravissement. On a parlé de tout le monde, dans ce gotha des arts et des lettres. Mais au-delà de cette conversation de haute qualité, je compris très vite que son souci majeur était de faire avancer ce legs de son vivant.

Attachement filial bien compréhensible, et double responsabilité, car le même désir avait animé sa sœur Suzanne (décédée en 1981). Suzanne Desternes semble avoir été aussi fidèlement attachée à son père puisqu’elle en a suivi l’exemple dans le déroulement de sa carrière. Après avoir été lauréate de l’école des sciences politiques, elle publiera une œuvre riche, centrée essentiellement sur l’histoire du second Empire. Entre autres, on remarque une Impératrice Eugénie, un Napoléon III, homme du XXe siècle qui reçut un prix de l’Académie française, Le prince impérial qui reçut le grand prix d’histoire et Charlotte et Maximilien couronné également par l’Académie française.

Pourquoi l’université de Tours ? Louis Desternes a enseigné au lycée Descartes, et ceci à la fin du siècle dernier, ce qui lui permit de s’imprégner du lieu de vie de Paul-Louis Courier et de rencontrer des personnes qui avaient connu dans leur jeunesse Paul-Louis Courier, ou qui en avaient entendu parler dans leur entourage familial. Ainsi donc Louis Desternes devint un spécialiste reconnu de Paul-Louis Courier auquel il consacra une importante étude Paul-Louis Courier et les Bourbons : le pamphlet et l’histoire. L’université de Tours est déjà dépositaire d’un fonds Louis-Desternes issu de sa bibliothèque. Ce fonds est du reste bien vivant, je m’en suis assuré, dans notre bibliothèque universitaire.
Mais pourquoi ce choix de l’université de Tours plutôt que celui d’une société savante comme celle des « Amis de Paul-Louis Courier » que je tiens à remercier de leur présence ici, nombreuse ? Eh bien tout simplement pour s’assurer de la pérennité de l’institution. Il est en effet fort vraisemblable que la survie de l’université François-Rabelais soit assurée au moins pour un siècle. Après, on verra bien…
Quand je quittai donc la boucle est de la Loire pour rejoindre Tours, j’avais promis à Edith Desternes que les choses seraient menées rondement et qu’aux prochains beaux jours elle aurait le plaisir de remettre le prix elle-même. J’étais sincère, madame de Vère, quand je pris cet engagement et vous pourrez le redire à Edith Desternes. Las ! j’avais encore quelques illusions, quelques naïvetés même, sur le déroulement des affaires administratives. La bureaucratie me rattrapa vite et ne vient de me lâcher qu’il y a à peine quelques semaines, le 28 février 1997 exactement. Ce qui entraîna de nombreux retards et malheureusement, par voie de conséquence, l’absence d’Edith Desternes parmi nous… Mais tout est bien qui finit bien ! La mémoire de Louis Desternes sera honorée, et de façon pérenne. Le très généreux legs d’Edith Desternes stimulera sans doute, et en tout cas je l’espère, de jeunes vocations pour l’étude des œuvres de Paul-Louis Courier et ainsi, au fil des ans, nous pourrons couronner d’autres lauréats en leur remettant le prix Louis-Desternes. Si nous avons le vif regret et assumons la responsabilité de l’absence d’Edith Desternes, grâce à l’étrange machine qui est là et dont parfois l’on dévoie l’utilité en écoutes coupables et répréhensibles, Edith Desternes, dès ce soir, pourra communier avec nous dans le pieux souvenir de Louis Desternes. Merci.
Madame de Vère, vous aurez prochainement l’occasion d’apporter l’enregistrement de nos paroles à Edith Desternes et de lui manifester toute notre sympathie, mais les signes sont encore plus manifestes que les paroles et vous me permettrez de lui remettre cette médaille d’honneur de l’université François-Rabelais. Elle pourra en profiter, même si sa vue l’a un petit peu abandonnée, car elle est gravée en taille-douce de façon agréable et elle comporte une phrase tirée des œuvres de François Rabelais, phrase que j’apprécie particulièrement parce qu’elle correspond à ce que nous faisons, nous enseignants ; la voici « Je ne bâtis que pierres vives, ce sont hommes ». Vous lui transmettrez donc ce message d’amitié, de respect et de reconnaissance.
Je crois, madame, que vous désirez transmettre un message de madame Desternes. Je vous donne donc la parole.




Message d’Edith Desternes lu par madame de Vère


M onsieur le président, mesdames, messieurs les membres du jury, mesdames, messieurs, chers amis de Paul-Louis Courier.

Je tiens à vous exprimer, en premier mon profond regret de ne pas être parmi vous en ce jour d’amitié, où nous allons décerner le premier prix Louis-Desternes récompensant un travail : « Paul-Louis Courier, l’homme et son œuvre ». Mon père, en cette fin du XIXe siècle, jeune professeur agrégé de lettres, fut nommé à Tours. Amoureux de la Loire et de cette belle Touraine, il se consacra très vite à ce personnage original, écrivain au style éblouissant, helléniste passionné et vigneron de la Chavonnière, dont la fin tragique pose question.
De nombreux articles parurent dans le Figaro dès 1894 et des revues de l’époque agitèrent l’opinion. Élevées depuis notre enfance avec Paul-Louis Courier, nous n’avons cessé de vivre avec lui et, tout naturellement, ma sœur, Suzanne Desternes, historienne, prit la relève.
Paul-Louis Courier rayé des programmes de l’enseignement secondaire, il fallut lutter pour le faire revivre afin que d’autres étudiants s’y intéressent. Tel est donc aujourd’hui le but de ce prix que nous décernons à M. Philippe Raimbault pour son étude biographique et littéraire sur Paul-Louis Courier.
Avec nos félicitations, nous souhaitons que son exemple soit suivi par de nouveaux chercheurs.
Merci à vous, mes amis, de votre présence et, encore une fois, tous mes regrets de mon absence.





 Membres bienfaiteurs :




Prix Louis Desternes 2007 Michel Lussault , président de l'Université de Tours (à droite),
remet le prix au lauréat 2007 Frédéric-Gaël Theuriau
 
D eux adhérents ont fait des dons à la société : le docteur P.-J. Vinken, néerlandais, et le peintre Edith Desternes, tous deux adhérents de la première heure de la SAPLC.
Mme Desternes a également doté l’Université de Tours pour organiser périodiquement le prix Louis Desternes conçu pour récompenser un travail ou une action conçus pour faire connaître Paul-Louis Courier. Le premier lauréat a reçu son prix en 1997 : il s’agit de M. Philippe Raimbault, habitant de Véretz et auteur d’un mémoire intitulé « Paul-Louis Courier : polémiste ou politique » ?
Jean-Pierre Lautman fut le deuxième lauréat en 2004. Son travail primé fut à l’origine de son ouvrage « Paul-Louis Courier ou la Plume indomptée ».
Le lauréat 2005 fut Samuel Tastet, éditeur installé à Bucarest, qui a publié trois petits ouvrages en roumain/français destinés à faire connaître Courier en Roumanie.
Frédéric-Gaël Theuriau fut le 4e lauréat en 2007. Il fut distingué pour deux minutieux articles : « Paul-Louis Courier et Pierre-Jean de Béranger » et « Le regard social de Courier ».
Le 23 septembre 2010, Deux nouveaux lauréats furent distingués au titre de 2008 et 2009, à savoir Michel Crouzet, pour son ouvrage remarqué « Une écriture du défi » et Dominique Soulas de Russel pour plusieurs études relatives à la réception de l’œuvre de Courier en pays de langue allemande.
Prix Louis Desternes 2010
De gauche à droite,
Jean-Jacques Tatin-Gourier, professeur de lettres (dixneuvièmiste) et représentant le président de l’Université,
Jacques Body, président fondateur de l’Université de Tours, spécialiste de Jean Giraudoux et membre du jury,
Daniel Leuwers, professeur de lettres à l’Université de Tours (vingtièmiste) et président du jury du prix Louis Desternes,
Michel Crouzet, professeur émérite à la Sorbonne, spécialiste de Stendhal et lauréat 2008,
Dominique Soulas de Russel, professeur de droit à l’Université de Tübingen (Allemagne) et lauréat 2009
et Jean-Pierre Lautman, membre du jury, secrétaire général de la société des amis de Paul-Louis Courier
et ancien lauréat.

 

 

[1] Admis à l’agrégation de littérature (enseignement spécial) en 1890 et enseignant quelques années au lycée Descartes de Tours, Louis Desternes (1864-1936) termina sa carrière au lycée Charlemagne, à Paris. Il fut un proche de Léon Daudet que ce dernier, dans son ouvrage « Quand vivait mon père », Grasset, 1940, p. 164, salue en ces termes : « Au lycée je m’ouvris de mon émoi auprès de mon cher copain Louis Desternes, vétéran de rhétorique… ». Desternes resta toute sa vie du même courant idéologique que Léon Daudet dont l’inspirateur était Charles Maurras.  Note1

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