Paul-Louis Courier

épistolier, pamphlétaire, helléniste
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prec A M. Viollet-le-Duc - 15 octobre 1806 [sans mention]1 A M Evain - 11 décembre 1806 Suiv

le … 18062

Jean-Jacques-Basilien Gassendi Jean-Jacques-Basilien Gassendi J e vous envoie, chère cousine, une lettre pour M. G… 3; ayez la bonté de la lui faire tenir. Ce que je demande dépend de lui. Mais, tout mon ami qu'il se dit, je ne compte que médiocrement sur sa bonne volonté. Si vous le voyiez, chère cousine, ou pour mieux dire, s'il vous voyait, je le connais et vous aussi, vous lui feriez faire ce que vous voudriez. Je ne vous demande point de ces efforts qui coûtent trop à la vertu : cela est bon lorsqu'il s'agit de la tête d'un mari comme dans le conte de Voltaire4. Mon placet réussira, si vous l'appuyez seulement d'un regard et d'un sourire. Que vous êtes heureuses, vous autres belles, de faire des heureux à si peu de frais !
Ce que vous me marquez de mon affaire avec Arnou ne me rassure pas autant que vous l'imaginez. Je ne puis, le voir, lui, parce qu'il est à Naples, c'est-à-dire à cent lieues de moi, et ces cent lieues-là sont plus difficiles à faire que mille en tout autre pays, à cause des voleurs qui se sont établis sur toutes les routes, en sorte que nul ne passe s'il n'est plus fort qu'eux. On n'y arrête pourtant jamais ni diligences ni chaises de poste ; je vous laisse à deviner pourquoi.
Si Mademoiselle Eugénie a déjà fait le sacrifice de sa fleur par devant notaire, je lui en fais mon compliment, et bien plus encore à celui qui a cueilli cette jolie rose. Mes respects, s'il vous plaît, à Mme Audebert. Vous savez que je fus toujours son admirateur, mais elle ne le sait peut-être pas, il est temps de le lui apprendre.
Excusez le chiffon sur lequel je vous écris. Rien n'est plus rare que le papier en ce pays-ci, où tout se trouve, hors le nécessaire. Des ananas, de la fleur d’oranger, des parfums tant que vous voulez ; mais ni eau ni pain.


[1] Sautelet indique « A Mme Pigalle, à Paris ». Il semblerait plutôt que la destinataire de cette lettre soit Mme Marchand.  Note1
[2] Sautelet précise « Mileto, le 30 octobre 1806 ».  Note2
[3] Vraisemblablement Gassendi.
Fils d'un avocat au parlement d'Aix, Jean-Jacques-Basilien Gassendi (1748-1828)) entre comme aspirant dans le corps royal de l'artillerie, en février 1767. Il est lieutenant en mai 1768, capitaine en juin 1779. C'est dans ce grade qu'il sert au régiment de La Fère, comme commandant d'une compagnie, lorsque le jeune Bonaparte y est alors lieutenant. De cette époque naît une durable amitié.
La Révolution ne lui plait guère, pourtant, il n'émigre pas. Le 8 mars 1793, il est promu chef de bataillon, puis chef de brigade (colonel) le 3 mars 1796. Il est présent au siège de Toulon avec un poste de responsabilité. Le 17 mars 1798, il est nommé général de brigade.
Sa carrière et les honneurs se poursuivent : membre de la Légion d'honneur le 11 décembre 1803, commandeur le 13 juin 1804, inspecteur général de l'artillerie le 14 mars 1805, général de division le 20 septembre 1805, conseiller d'État le 11 février 1806, comte de l'Empire le 9 décembre 1809, grand-officier de la Légion d'honneur le 30 juin 1811, Grand-croix de l'Ordre de la Réunion le 3 avril 1813, et, pour finir, sénateur le 5 avril 1813.
Il souscrit à la déchéance de l'empereur et est fait pair de France, le 4 juin 1814.
Durant les Cent jours, il se rallie à Napoléon. Louis XVIII en prend ombrage et l’éloigne. En mars 1819 Decazes l'inclut dans sa liste de réintégration. Gassendi commence par refuser, puis accepte, le 21 novembre 1819.  Note3
[4] L’Ingénu.  Note4

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