Paul-Louis Courier

Epistológrafo, libelista, helenista
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prec De M. Clavier le 19 février 1810 De M Renouard De M. Renouard le 10 mars 1810 Suiv

Rome, le 22 février 1810.

A Messieurs Molini, Landi et Cie
pour remettre à M. Courier
à Florence

V Corriere Milanese 14 gennajo 1811 Giuseppe Micali (1768-1844)
 
ous ne voulez donc pas venir à Rome, ainsi que vous me l’aviez promis, et il faut absolument vous écrire pour avoir de vos nouvelles. Vous devez me croire ou bien paresseux ou bien occupé pour n’avoir pas répondu à la belle lettre que vous m’avez écrite il y a quelques mois1, cependant je ne suis ni l’un ni l’autre ; mais quand on me dit de préparer un logement à Rome dans mon voisinage même, je m’imagine bonnement qu’on a envie de venir, et je n’aime pas d’écrire des lettres qui doivent revenir où je suis pour être lues à ma barbe.
Depuis votre dernière lettre j’ai bien souvent entendu parler de vous, et, à vous dire le vrai, d’une manière à faillir me brouiller avec les personnes qui m’ont donné de vos nouvelles. Voici ce que j’ai constamment dit : Mon ami est assez étourdi pour pouvoir verser son encre sur un manuscrit, mais personne n’osera jamais me soutenir qu’il l’a fait exprès et dans une intention quelconque. J’ai répété dernièrement cette phrase devant un homme de grand crédit, qui paraissait prévenu contre vous. Au reste pourquoi ne tenez-vous pas au courant vos amis de vos affaires ? Vos envieux sont plus actifs que vous, et plus d’une fois, j’ai entendu, à mon grand déplaisir, citer des faits que je n’ai pu contredire faute de connaissance de cause. Enfin, mon cher et aimable commandant, je vous somme de m’envoyer votre apologie que vous ferez aisément, et c’est à moi qu’on aura à faire, si, comme je n’en doute pas un instant, vous me persuadez. Je me rappelle que déjà une fois je vous ai presque forcé de me donner votre procuration pour retirer certains livres qu’on vous accusait de garder depuis dix ans. Ces livres ont enfin été remis aux ordres du propriétaire contre un reçu en bonne forme que je garde pour vous le remettre à votre arrivée ici. J’ai donc fait mes preuves en qualité de votre champion ; fournissez-moi enfin des moyens de défense dans l’affaire dont il s’agit, et vous verrez que je saurai les employer à votre avantage. Hélas, mon commandant, il valait bien la peine de se brouiller avec des généraux pour venir se chamailler avec des reptiles de savants, qui vous ont déjà pincé un peu, tout comme l’écrevisse pinça le talon d’Hercule. Mais votre dernière lettre, quoique respirant la philosophie la plus pure, laisse pourtant entrevoir un certain regret d’avoir quitté une carrière brillante et agréable pour le stérile métier de grammairien ou philologue, ce qui revient au même. Mais Jupiter n’accorde, selon Homère, qu’une certaine portion de sagesse à la fois aux hommes, et je ne désespère pas de voir mon commandant reprendre encore une fois la cuirasse, et laisser là cette haire qu’il n’aurait jamais dû endosser, et que les cuistres ont encore éclaboussée par-dessus le marché. Parlons d’autre chose.
Le pauvre Amati qui meurt de faim après tout son grec, me charge de vous dire qu’on lui a fait des propositions à Leipzig, d’acheter la collation qu’il a fait (sic) pour vous de l’Anabasis de Xénophon. La misère l’oblige d’écouter ces propositions, si vous ne voulez rien lui donner pour un travail de plusieurs mois. Forcé par le besoin il veut bien vous laisser tout son apparatus pour 60 piastres. La moitié payable tout de suite, et l’autre dans le courant de l’année. Il vous prie de lui faire savoir vos intentions le plus tôt possible, ou directement ou par moi.
Adieu mon savant ami, saluez votre voisin Micali2, amusez-vous bien pendant le carnaval et donnez-moi de vos nouvelles et de celles de nos savants florentins3 . Je vous embrasse bien cordialement ερρωσο4

Akerblad


[1] Cf. lettre du 5 décembre 1809.  Note1
[2] Guiseppe Micali (1768-1844), commerçant, antiquaire et archéologue.  Note2
[3] On remarquera l’antiphrase contenue dans cette courte formule.  Note3
[4] Voir Lettre à Clavier du 2 mai 1802, note 17.  Note4

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