Paul-Louis Courier

épistolier, pamphlétaire, helléniste
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prec Sans mention 1811 De M. Odoux De Mme Marchand de Paris Suiv

Monsieur
Monsieur Courier
Ancien officier d’artillerie
présentement chez MonsieurLuynes, ce 17 juin 1811.
Ghérardo de Rossi, banquier
à Rome

Monsieur,
V champ_de_ble.jpg ous m’aviez fait espérer par votre lettre du 23 septembre dernier que vous deviez venir dans votre pays au plus tard dans le courant du printemps, auquel nous touchons à sa fin, et on ne vous a pas encore vu. D’après cet espoir, j’ai toujours remis jusqu’à ce jour les ouvriers pour la réception des réparations. Si vous ne pouvez pas venir, marquez-le-moi afin que je fasse cette réception et règle les comptes avec les ouvriers. Il existe encore une réparation pour le bas du pignon où est la roue du moulin du Jai, qui a été occasionnée par le flottement des grandes eaux. Je vais la faire faire dans le plus court délai, attendu qu’elle est urgente et nécessaire.
Les fermiers touchant à la fin de leurs baux me demandent à renouveler. Vous avez aussi, comme vous savez, une partie de bois bonne à vendre, les voisins ont fait exploiter l’année dernière, il ne reste plus que le vôtre. Cela est préjudiciable parce qu’on y fait du tort. Si vous ne pouvez pas absolument venir, envoyez-moi votre procuration en blanc bien détaillée pour affermer et vendre la partie de bois. Si je demande la procuration en blanc, la raison est que tous les notaires passant des actes, elle ne peut être dans mon nom ; mais dans ce dernier cas vous pouvez être très tranquille, elle ne sortirait pas de mon étude, je pourrais la remplir dans le nom de Monsieur de La Béraudière[1]. J’attends votre réponse de suite.
La récolte des blés froment est manquée ; comme j’ai toujours attendu jusqu’à présent croyant vous voir d’un jour à l’autre, je n’ai pas encore fait payer les fermiers de l’année échue ce jour de Toussaint dernier ; votre réponse va me déterminer. Il me restera quelques fonds à vous que je pourrai placer pour un an comme les autres. Les bras sont très rares dans nos pays, il est urgent de renouveler les baux car on va manquer de bons sujets ; les fermiers en général ne sont pas bons.
      J’ai l’honneur d’être très sincèrement, Monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur.

Odoux


[1] Jacques Philippe, comte de La Béraudière, naît le 3 novembre 1767 au château de Bouzille, paroisse de Meslay, en Anjou. Page du roi en 1782, sous-lieutenant au régiment des Trois-Évêchés-Cavalerie en 1785, il combat dans l’armée catholique et royale en Vendée en 1792 sous les ordres de Stofflet. Le 1er janvier 1796, il devient colonel et chevalier de Saint-Louis. En 1801, il est radié de la liste des émigrés. En 1807, après le décès de sa mère, il hérite du château de Beauvais (de nos jours Beauvois) sis en Touraine, sur la commune de Saint-Étienne-de-Chigny. Il est nommé colonel de la garde nationale à Tours en 1816 et est maire de Saint-Etienne de Chigny de 1816 à 1846. Il meurt dans son château le 23 janvier 1863.
Bien que royaliste, il fut révulsé par les arrestations des « mauvais sujets » de Luynes (voir Pétition aux deux Chambres).  Note1

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