Paul-Louis Courier

Epistológrafo, libelista, helenista
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Jean Guillon

L'enfance

Jean Guillon
Jean Guillon
J ean Edmond Daniel GUILLON est né le 30 juillet 1908 à Poitiers (Vienne).
Un père employé d'octroi, une mère lingère : c'est dans un milieu social très modeste que Jean Guillon voit le jour, le 30 juillet 1908. Mais sa réussite scolaire lui permet d'intégrer l'Ecole normale de Poitiers, et de là, bientôt l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud.

Ces années de jeunesse sont aussi celles de l'engagement : Jean Guillon milite dans les rangs de l'Union fédérale des étudiants, qui avait comme objectif de rassembler les étudiants pauvres, de défendre leurs revendications et d'établir une liaison avec les intellectuels et les organisations ouvrières.

L'entrée en politique

E n 1930, délégué au syndicat unitaire de l'enseignement, il intervient au congrès de Marseille où il appuie les thèses de la majorité de la CGTU contre celles du bureau de la fédération. Il adhère aux Jeunesses communistes en 1930, au PCF en 1931.

Après deux années de poste de professeur dans l'Est de la France (Gérardmer et Longwy), pendant lesquelles Jean Guillon voit ses responsabilités s'accroître au PC, il revient de 1935 à 1939 dans son département d'origine, la Vienne, et participe activement à la vie du mouvement syndical (UD-CGT) et à celle de son parti : membre du bureau régional du PC, il représente la Vienne avec Grandin et Bouloux au Congrès national d'Arles en décembre 1937.

Les années de guerre

L es années 1939-1940 sont marquées par plusieurs mutations de poste et le refus de désavouer le pacte germano-soviétique du 23 août 1939 ; mais en avril 1941, il prend contact avec l'organisation clandestine du PC par l'intermédiaire de Paul Delanoue. De janvier à août 1942 il est membre du "triangle" de direction du PC pour l'Indre-et-Loire et, le 20 août 1942, il échappe de peu à une arrestation de la Gestapo. Condamné à mort par contumace, il réussit pendant plus d'un an à continuer son activité clandestine à la tête du Front national et des FTP pour plusieurs départements du Centre. Arrêté par la Gestapo de Tours devant la gare de Blois le 10 novembre 1943, soumis à la torture, il parvient à dissimuler sa véritable identité. Avec le transport de 1218 hommes parti de Compiègne, il arrive au KL Mauthausen le 25 mars 1944. Enregistré sous le pseudonyme de Jean Salado, il porte le matricule 60593. Il est libéré le 28 avril 1945 par la Croix Rouge internationale. A son retour en France, il est nommé au Comité départemental de libération d'Indre-et-Loire en août 1945.

Le militantisme politique

Jean Guillon
Paul-Louis Courier
Pamphlets politiques
Introduction et notes par Jean Guillon
S a vie de militant communiste reprend alors au grand jour, de manière très intense : journaliste - il est pendant quelque temps rédacteur en chef adjoint de L'Humanité - orateur et défenseur populaire des milieux ouvriers et paysans d'Indre-et-Loire.
Il prend la tête de la liste communiste aux élections pour l'Assemblée nationale Constituante, le 21 octobre 1945. Cette liste, avec 35 585 voix sur 163 840 suffrages exprimés, obtient l'un des cinq sièges à pourvoir. Pour la deuxième Constituante, le 2 juin 1946, la situation est sensiblement identique : toujours en tête de liste, Jean Guillon est élu avec 38 748 des 170 395 suffrages exprimés. Le 18 novembre 1946, pour la première législature, il améliore son score et sa liste obtient un siège de plus, avec 41 151 voix sur 161 084 votants. Cette progression est toutefois efficacement enrayée par la loi des apparentements qui empêche Jean Guillon, en dépit des 22,6 % de suffrages qu'il obtient, de retrouver son siège le 17 juin 1951.
Au cours des deux Assemblée nationales Constituantes, Jean Guillon est désigné comme juré à la Haute Cour de justice ; il est aussi membre de la Commission de la justice et de la législation générale. Il reste dans cette Commission pendant la première législature et siège également aux Commissions de la reconstruction et des dommages de guerre, des territoires d'outre-mer, de la presse, et enfin de la famille, de la population et de la santé publique. Il dépose deux rapports - dont un sur la révision des nominations abusives en Indochine pendant la guerre (19 juin 1947) - et deux propositions de loi, dont l'une vise à modifier l'organisation communale pour faciliter la représentation de la population des communes rurales (25 novembre 1948).
Mais c'est surtout comme orateur que Jean Guillon agit dans l'hémicycle, attaquant à maintes reprises le gouvernement, ainsi lorsqu'il l'interpelle le 4 février 1948 sur l'arrestation illégale et le maintien en prison du président de la délégation de la République démocratique du Vietnam à Paris, ou lorsqu'il dénonce sans relâche la politique coloniale française, comme ce 22 septembre 1948 : "M. le ministre de la France d'outre-mer fait comme Ponce Pilate ; il se lave les mains des abominables forfaits qui se trament à Madagascar". Une vive polémique l'oppose alors à Maurice Schumann : "En tout cas, Monsieur Schumann, lorsque vous étiez à Londres, j'étais au camp de concentration de Mauthausen" ; M. Schumann réplique : "Je ne conteste pas vos états de service, c'est vous qui contestez les miens !"

Son action politique

Jean Guillon
Manuscrit de Jean Guillon (page 186)
O utre les problèmes coloniaux, Jean Guillon se préoccupe du monde agricole, en particulier des conditions de fermage et de métayage, ainsi lorsqu'il défend la proposition de loi du 30 avril 1948 visant à stabiliser le prix des baux à ferme.
Avec son groupe, Jean Guillon approuve les deux projets de Constitution, le 19 avril et le 28 septembre 1946 ; il vote contre la question de confiance (4 mai 1947) à la suite du vote de laquelle Paul Ramadier se sépare de ses ministres communistes ; le 27 août 1947, il approuve le projet de loi sur le statut de l'Algérie. Enfin, il s'oppose au Plan Marshall (7 juillet 1948), à la constitution du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949), au Pacte de l'Atlantique (26 juillet 1949) et bien sur à la loi sur les apparentements (7 mai 1951) qui lui sera fatale un mois et demi plus tard.

En Indre-et-Loire

A près son échec de 1951, Jean Guillon tentera sans succès à trois reprises de retrouver un mandat national. Il échoue au Conseil de la République en 1955. En 1956, il est en troisième position sur la liste communiste qui n'obtient qu'un siège. Enfin, le 30 novembre 1958, il n'obtient que la troisième place à l'issue du deuxième tour.
Il se consacre, pendant cette période, à son mandat de Conseiller municipal de Tours (de 1945 à 1959) et à la Fédération communiste d'Indre-et-Loire. Il doit cependant limiter ses activités à partir de 1966 pour raisons de santé. Il participe alors à des réunions d'anciens résistants et déportés et surtout fonde, en 1967, la société littéraire des Amis de Paul-Louis Courier qui fait paraître les Cahiers Paul-Louis Courier et organise diverses rencontres.
Alors qu'il se reposait en Lozère, Jean Guillon meurt le 12 août 1974. Père de quatre enfants, il a été député d'Indre-et-Loire de 1946 à 1951 et était titulaire de la Croix de Guerre 1939-1945.
[Source : Assemblée Nationale]

Obsèques de Jean Guillon

Discours prononcé lors de la cérémonie d’obsèques de Jean Guillon par Raphaël Billault, trésorier fondateur de la SAPLC

Jean Guillon
Nouvelle République du 16/8/1974
C’est avec une infinie tristesse que je prends la parole, au nom des membres du bureau de la société des amis de Paul-Louis Courier, au nom aussi de ses trois cents adhérents, pour dire un dernier adieu à notre ami Jean Guillon, notre secrétaire général, le fondateur et l’animateur de notre société, un animateur incomparable et, je le crains bien, irremplaçable…
Il y a six ans, Jean Guillon, entouré de quelques amis qui acceptaient de l’aider, fondait cette société des amis de Paul-Louis Courier, et pendant ces six années, par son enthousiasme créateur, et surtout par un travail opiniâtre d’autant plus méritoire en raison de sa santé précaire, il va réussir à développer son œuvre et à lui donner une importance nationale et internationale puisque la société compte, outre ses nombreux correspondants français, des correspondants étrangers dans une dizaine de pays.
Par son talent et son érudition, il va surtout accroître chaque jour un peu plus le rayonnement de la société. Les anniversaires de l’écrivain seront régulièrement célébrés – et justement il préparait pour 1975, pour le 150e anniversaire de la mort du grand pamphlétaire, une « année Paul-Louis Courier  ». qui devait être marquée par des manifestations diverses et de nombreuses rencontres. Malheureusement, sa mort brutale l’arrache à sa tâche prématurément. Son action restera pourtant durable et profonde.
Le colloque qu’il a organisé à la Sorbonne a éveillé et éveillera encore de nombreux échos. Un livre actuellement sous presse donnera très bientôt le compte-rendu de toutes les interventions qui furent faites ce jour-là. -
On peut dire que par son action, par l’édition des pamphlets de Paul-Louis Courier, assortie de notes nombreuses et pertinentes, par ses multiples interventions et les nombreux articles parus dans les bulletins de notre société, Jean Guillon a puissamment contribué :
Jean Guillon
Nouvelle République du 17/8/1974
- à mieux faire connaître la forte personnalité de l’écrivain
- et à accroître considérablement l’audience de son œuvre.
C’est pourquoi tous ceux qui, à travers le monde, connaissent et apprécient l’œuvre de Paul-Louis Courier lui en garderont toujours une grande reconnaissance.
Mais c’est surtout un ami que nous perdons, un ami sincère toujours prêt à nous comprendre, à nous aider, à nous réconforter, et sa disparition nous touche profondément.
A son épouse, à ses enfants et petits-enfants ainsi qu’à toute la famille, nous présentons nos condoléances et nous les assurons de toute notre amitié.
Puissent-ils trouver dans ce vaste courant de sympathie qui s’est si spontanément rassemblé autour d’eux un peu de réconfort dans la dure, très dure épreuve qu’ils traversent.


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