Paul-Louis Courier

Korrespondent, Pamphletist, Hellenistische
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prec Lettre à M. Klewanski du 28 mars 1799 A M. Clavier Lettre à M. Clavier du 2 mai 1802 Suiv

Au citoyen Clavier
Rue Neuve des Bons-Enfants n°6
à Paris

De la Véronique, Langeais le 24 vendémiaire an 10
(16 octobre 1801)

Monsieur,

Rue Neuve des Bons Enfants
Rue Neuve des Bons Enfants en 1907
J e suis parti de Paris si précipitamment que je n'ai eu le temps de voir personne. Je crains que vous et monsieur Caillard1 n'ayez besoin des livres que vous avez bien voulu me prêter. Je prends des mesures pour qu'ils vous soient remis dès qu’une personne à qui j’ai confié la clef de mon logement sera de retour à Paris.
Mon séjour dans ce pays-ci pouvant être beaucoup plus long que je ne le voudrais, je vous demande en grâce de me donner quelquefois de vos nouvelles et de celles de Madame Clavier et de celles de Pausanias et de Madame de Vinche2. (Notez s’il vous plaît que je vous écris ceci sur un tonneau au milieu de mes vendangeuses, mon style s’en ressent.)
J'ai écrit au Clarissime3, dont j'ai lu la dissertation avec grand plaisir. Assurez, je vous prie, Jardé4, si vous le voyez, que je le paierai aussitôt mon retour à Paris ou même avant, s’il l’exige. A propos de dissertation, vous me feriez grand plaisir de m’envoyer la vôtre sur la traduction de Gail5. Je suis bien fâché de n'avoir pu vous prêter ma main pour le grec.
Je suis entouré de tant de bruit, et si obsédé de mes bacchantes (c'est ainsi que j'appelle mes vendangeuses un peu crottées) qu'il faut que je vous quitte malgré moi. J'aurai l'honneur une autre fois de vous écrire moins succinctement, si je reçois de vos nouvelles, comme je l'espère.
Permettez que j’assure ici de mon respect Mad. Clavier et de Vinche.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur…


[1] Né à Aignay-le-Duc (Côte-d'Or) le 28 septembre 1737, Antoine-Bernard Caillard débuta sa carrière comme secrétaire de la légation de Parme, sous M. de Boisgelin en 1769. Il occupa les mêmes fonctions sous M. de Vérac à Cassel (1773-74) et Copenhague où il fut chargé d’affaires de 1776 à 1780, enfin à Saint-Pétersbourg (1780-83). Il devint ministre plénipotentiaire de France à Ratisbonne (1792) et à Berlin (1795). En Hollande, il assista aux événements de 1787 et en publia le récit en appendice à l’Histoire des principaux événements du règne de Frédéric-Guillaume II de Philippe de Ségur. Il écrivit aussi un mémoire sur les rapports politiques de la France avec les principales puissances d’Europe. Il fut nommé garde des archives du ministère des Relations extérieures en 1799, puis ministre des Relations extérieures par intérim en 1801. Il s’était constitué une très riche bibliothèque et, selon toute apparence, prêta quelques livres à Courier. Il collabora au Magasin encyclopédique de Millin. Il mourut à Paris le 6 mai 1807.  Note1
[2] Peut-être une parente de Madame Clavier.  Note2
[3] Vraisemblablement Coraï.
Né le 27 avril 1748 à Smyrne et mort le 6 avril 1833 à Paris, le grec Adamántios Koraïs (Il francisa son nom en Adamante Coray ou Coraï), fut l’un des hellénistes les plus respectés de son temps. Ses travaux d'éditions de textes grecs anciens étaient unanimement reconnus pour leur valeur. Il donna plusieurs traductions, entre autres les Caractères de Théophraste – que Paul-Etienne Courier traduira à son tour - et Daphnis et Chloé. Il était désintéressé et Courier évoque ce personnage qu’il place très haut dans son estime dans la Lettre à l’Académie.  Note3
[4] Libraire installé rue de Vaugirard, à Paris.  Note4
[5] Né à Paris le 4 juillet 1755, l’helléniste français Jean-Baptiste Gail fut membre de l’Institut en 1809. Louis XVIII lui confia le poste de conservateur des manuscrits grecs de la Bibliothèque royale, ce qui déchaîna contre lui la vindicte de Clavier, lequel jugeait sévèrement ses aptitudes à comprendre le grec, et celle de Courier. Il mourut le 5 février 1829. Il est inhumé au père Lachaise.  Note5

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