Paul-Louis Courier

Korrespondent, Pamphletist, Hellenistische
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prec [Sans mention] de livourne - 27 juillet 1808 [Sans mention]1 A M. de Sainte Croix - 3 septembre 1808 Suiv

Livourne le 30 juillet 1808


A Général François Nicolas Benoît Haxo (1774-1838) Général François Nicolas Benoît Haxo (1774-1838)
 
yant éprouvé ta fidélité dans l'ambassade de Vérone, je te nomme, ou pour parler diplomatiquement, nous te nommons notre résident à Milan ; et d'abord nous te chargerons d'une négociation importante, difficile, avec des puissances dont les dispositions à notre égard sont suspectes. La lettre ci-jointe t'expliquera de quoi il s'agit. Va voir cet Orbassan2, dis-lui que si je ne vais au pays, je suis ruiné sans ressource, et cette fois un ambassadeur aura dit la vérité. Tu as dans ce que je t'ai marqué de Florence d'amples instructions3 ; mais le point, après tout, c'est un oui ou un non ; veut-il, ne veut-il pas que j'aie ce congé ? En lui écrivant par la poste, comme je ne suis pas un grand seigneur, je n'aurai jamais de réponse. Par toi je saurai à quoi m'en tenir.
S'il t'écoute, tu pourras lui dire que sans ma maladie de Naples (qui n'est point le mal de Naples) j'aurais fait il y a six mois cette demande. Tu lui conteras de mes affaires ce que tu sais et ce que tu ne sais pas pour lui faire, entendre que je ne puis, sans perdre tout ce que j'ai au monde, différer davantage à me rendre chez moi. Dis-lui les banqueroutes que j'éprouve, mes gens d'affaires fripons, mes débiteurs sans foi, mes créanciers, sans pitié, mes fermiers en prison, mes parents morts ou malades. Hélas ! en disant tout cela, tu n'auras pas le mérite de mentir pour un ami. Ajoute que la guerre peut recommencer, qu'on peut m'envoyer outre-mer, en Turquie, à tous les diables, auquel cas je n'aurai plus qu'à déserter ou me pendre.
Mais s'il ne t'écoute pas, ou s'il est insolent au delà de ce que l'usage actuel autorise, alors envoie-le faire foutre : car tel est notre plaisir. Au reste, si tu réussis, comme tu m'auras servi à cette cour, je te servirai à Paris. Sur ce nous prions Dieu, Monsieur l'ambassadeur, qu'il vous ait en sa sainte garde.


[1] Sautelet indique « A M. Haxo, chef de bataillon du génie, à Milan » et donne la date du 27 juillet.  Note1
[2] Courier vise ici le général d’Anthouard. Orbassan est ce personnage austère de la tragédie Tancrède, qui persécuta le héros de Voltaire.  Note2
[3] Cette lettre est inconnue : disparue ?  Note3

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