Paul-Louis Courier

Korrespondent, Pamphletist, Hellenistische
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prec Sans mention de Milan le 12 octobre 1809 [Sans mention][1] A M Clavier de Milan le 21 octobre 1809 Suiv

Milan, le 14 octobre 1809.

Monsieur,

Catherine de Navarre Catherine de Navarre
 
J 'ai trouvé ici votre lettre du 21 juin. Grand merci de vos soins obligeants pour mes livres, papiers, collations de manuscrits etc. Mes affaires philologiques sont aussi bien entre vos mains que jadis les affaires politiques du roi votre maître. Je doutais que vous fussiez maintenant en Italie et je vois avec grand plaisir que je puis encore espérer de vous retrouver à Rome, où, partant demain, j'arriverai un mois après cette lettre. Car je m'arrêterai tout autant à Florence, comme chargé par M. Clavier de certaines recherches relatives à son Pausanias. Je fouillerai aussi pour mon compte dans les vénérables bouquins.
Amati est bon de se figurer que je vais l'enrichir. Je ne peux ni ne veux dépenser un sou pour le grec. Voici tout ce que je peux faire : le libraire qui imprimera, Dieu sait quand, cette Anabasis, paiera le travail d'Amati. Je ne donnerai le mien qu'à cette condition.
J'ai quelque souvenance d'avoir été soldat ; mais cela est si loin de moi qu'en vérité je le puis ranger parmi les choses oubliées. J'étais, comme on vous l'a dit, rentré dans le tourbillon, comptant imprudemment sur l'amitié d'un comte[2] avec qui je me trouvai loin de compte. Catherine de Navarre, dit-on, fut fille amoureuse et drue, qui eut un mari débile, et comme on lui demandait, le lendemain de ses noces, des nouvelles de la nuit, elle répondit en soupirant : Ah ! ce n'est pas mon comte ! Elle entendait le comte de Soissons, dont le mérite lui était connu. Il m'est arrivé le contraire : je pensais trouver un ami, mais hélas, c'était un comte. Vous saurez tout quand je vous verrai... Dites de moi, si vous voulez :

Il prit, quitta, reprit la cuirasse et la haire. [3]

pauvre hère, mais content, si jamais homme le fut.



[1] Sautelet indique « A M. Akerblad, à Rome. »  Note1
[2] Le général de La Riboisière.  Note2
[3] Vers tiré du chant IV de La Henriade de Voltaire :
« Vicieux, pénitent, courtisan, solitaire,
Il prit [Henri, frère puiné du duc de Joyeuse], quitta, reprit la cuirasse et la haire. »  Note3

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