Paul-Louis Courier

Cronista, panflettista, polemista
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Préface à l’édition des Pastorales de Longus

Edmond Pilon Edmond Pilon R édigé par Edmond Pilon, le texte qui suit servit de préface à la publication, en 1925, de Daphnis et Chloé par Le Livre français, H. Piazza, éditeur, 19 rue Bonaparte, Paris. Ce texte ne présente pas de vision originale mais récapitule, en tenant compte des connaissances sur le sujet, de « l’aventure » dont la tache d’encre fut le point d’orgue. Il n’en est pas à négliger pour autant car il permet à ceux qui s’intéressent à Paul-Louis Courier de savoir comment, l’année du centenaire de l’assassinat de l’écrivain, celui-ci était reçu dans les milieux lettrés français.
La dernière page de cet ouvrage qui en comprend 134 contient cet avertissement :

Cette édition de Daphnis et Chloé, septième volume publié par la société « Le Livre français », a été tirée à quatre mille exemplaires sur papier vélin du Marais et cinq cents exemplaires sur papier japon. L’exécution matérielle de l’ouvrage a été assurée par les soins de l’Imprimerie Nationale, F. Tardif étant directeur, ce livre, composé en caractères Garamond corps XIII, a été tiré par Frisard, Pressier. Achevé d’imprimer le XXX juin MCMXXV.

I

I l n’y a pas d’histoire plus plaisante ni plus aimable. Elle existe depuis le IVe siècle de notre ère, & nous la devons, dit-on, à un sophiste grec du nom de Longus, originaire de la même île que Sapho, c’est-à-dire Lesbos. Sainte-Beuve, qui éprouvait pour ce conte charmant une vive prédilection, appelle Daphnis & Chloé « le dernier mot pastoral de l’antiquité païenne ». Ce dernier mot d’une civilisation finißante avait bien risqué, durant le long sommeil du moyen âge, de ne plus être entendu des hommes ; mais un garçon de Melun, nommé Jacques Amyot, que le génie des lettres favorisa d’un destin unique, & qui, de pauvre étudiant de l’Université de Paris, devint évêque d’Auxerre & précepteur des Enfants de France, avait retrouvé ce vieux texte ; il l’avait traduit avec amour ; & dès le XVIe siècle, le monde surpris de tant de fraîcheur avait respiré de nouveau avec délices cet air imprégné de miel, parfumé d’ambroisie, qu’avait exhalé si longtemps le monde païen.
L’on connaît les grâces d’Amyot, ces grâces que Racine, dans la préface de Mithridate, rappelle à propos de Monime. Il n’en est ni de plus agréables ni de plus tendres. Ce Daphnis & cette Chloé, que notre humaniste représente « folâtrant ensemble comme deux jeunes levrons », les voilà, dès ce moment de leur résurrection, projetant sur nos lettres une ombre double & voluptueuse. C’est là un événement unique & dont les poètes ne manquèrent pas de s’émerveiller.
La première, Louise Labé, celle qu’on nommait la belle Cordière, native de Lyon, s’eßaya après Amyot à traduire cette histoire admirable. Et nous ne savons plus aujourd’hui, tant ces ombres antiques se confondent, si le divin Chénier alla chercher chez Théocrite ou bien emprunta à l’œuvre du bon prélat l’image de son Daphnis. Pour Chloé, le portrait qu’en donna l’auteur des Idylles ne laiße pas d’enchanter :

Onde, mère des fleurs, naïade transparente
Qui preßez mollement cette enceinte odorante,
Amenez-y Chloé, l’amour de mes regards…

Comment ne pas admirer la vétusté, l’élancement de ces formes, & le séduisant tableau que Chénier, après Amyot, nous peignit de ces pasteurs ? Un seul maître dans les arts pouvait retrouver ce deßin si suave, & communiquer à ces figures quelque chose du fondu & du lointain d’un rêve ou se mélangent le bistre & l’argent des couleurs ; & ce maître c’est Prud’hon.
Dans l’étude qu’il a consacrée à Daphnis & Chloé, & précisément à propos de cette traduction de Courier qui nous occupe, l’écrivain clairvoyant des Lundis évoque non sans charme cette « douceur un peu moelleuse, innocence & amour » du pinceau prud’honien1, le mieux fait sans doute pour donner à ces grâces d’une nature ingénue, naïvement sensuelle, un contour délicat, une ligne exquise. & voilà que, par un naturel développement à cette pensée, Sainte-Beuve en arrive à nous parler de Courier, non pas du Courier pamphlétaire, ennemi des abus, auteur de la Gazette de village, & qui se dit fièrement « vigneron, membre de la Légion d’honneur, ci-devant canonnier à cheval, aujourd’hui en prison à Sainte-Pélagie », - mais de ce Courier qui, bien qu’étant le reflet de l’autre, se fait voir surtout archéologue, voyageur, poète, enfin cet amateur animé, tout comme son ami Akerblad, d’une « belle & constante paßion pour les Muses grecques ».
Ce Courier-là, ce n’est pas le Courier bourru, sourcilleux, proceßif, que nous surprendrons plus tard, au milieu de ses paysans tourangeaux, se mêlant aux luttes sournoises du village ; mais bien plus volontiers, c’est un cavalier épris de longue course, un militaire déterminé que la guerre, tout comme Stendhal, jeta sur les chemins de l’Italie. Avant l’auteur de Rome, Naples & Florence, de la Chartreuse de Parme, avant Byron, en même temps que Gœthe, Paul-Louis pénètre au cœur de cette patrie des dieux & des héros. Alors, avec cette merveilleuse lucidité, cette parfaite entente des arts & des lettres d’un paßé que la poußière des siècles s’efforça en vain de voiler, il découvre sur cette belle terre tout ce qu’il aime à la fureur, c’est-à-dire « l’antique, les ruines, la grande Grèce… ». « Le fait est que je veux, avant de mourir, voir la lanterne de Démosthène & boire l’eau de l’Illisus, s’il y en a encore », écrit-il de Rome en 1811, dans l’une de ces étincelantes lettres qu’il se plaisait négligemment, avec un art digne de Voltaire, mais d’un voltaire moins sardonique, plus belliqueux, à tracer entre deux bivouacs.
Mais voilà bien de ces folies, de ces rêveries absurdes telles qu’en faisaient quelquefois, dans ce temps-là, les officiers de l’armée du prince Eugène ! Courier, malgré de durs déboires, oublie trop qu’il est soldat. Il est vrai que c’est parce qu’il est soldat, bien que le plus rechigné, le plus révolté des soldats, qu’il peut, à la faveur de randonnées infatigables, entreprendre le plus inattendu, le plus précieux voyage d’érudit & de lettré qui se vit jamais. En vain lui arrive-t-il de pester contre son « vilain métier », en vain dans une boutade, va-t-il jusqu’à s’écrier qu’il n’est pas fait pour cette sorte de vie, toute de mouvement & de violence, il faut bien qu’il marche, ou plutôt qu’il chevauche. Ses chefs sont Duroc, Gouvion Saint-Cyr, les généraux Moßel, Reynier, Haxo, la plupart ses amis & ses protecteurs.
Certes la campagne est pénible ; il y a des risques, comme cette fois où il lui advint à Rome d’être visé par un gaillard qui le poursuivait à coups de fusil en l’appelant Giaccobino ; mais außi, que de surprises délicates, d’admirables découvertes, d’enchantements à la vue des jardins & des musées ! A la vérité, quelque dure qu’elle fût parfois pour leur fortune ou leur santé, combien une offensive de cette nature, menée sur les pas de Bonaparte, apportait de compensations à des hommes de la qualité de Henry Beyle ou de Courier ! Les Mémoires du général Griois nous peignent à ce moment le traducteur de Longus ; ils nous le montrent à Plaisance, menant une vie libre & heureuse ; &, par la suite, nous le suivons dans l’expédition que Gouvion Saint-Cyr entreprit contre Venise. « Jamais, écrit M. Gaschet, partie de plaisir ne fut plus gaie pour Courier que cette expédition ; il accompagnait le général d’artillerie Salvat, qui ne se séparait pas d’une belle Vénitienne rencontrée à Ancône. Grâce à sa connaißance de l’italien, le chef d’escadron (Courier était devenu chef d’escadron d’artillerie) fut bientôt l’intime ami de cette gracieuse créature, auprès de laquelle il goûtait, entre autres amusements, le plaisir d’échanger mille propos fous, à bâtons rompus, dans une langue qui le ravißait. »
N’est-ce pas là, avec un peu plus de laißer-aller, moins de cristallisation, de subtilité amoureuse pourrait-on dire, du Stendhal des grandes paßions & des beaux jours ? Mais en fait de paßion, il en est une pour Courier, qui domine toutes les autres & fait battre ce cœur souvent si rude. Maintenant que nous l’apprécions mieux, & que ses saillies & ses boutades nous sont connues, nous savons bien que ce n’est pas pour une maîtreße, même cette pétillante & hardie Vénitienne, qui pouvait le retenir dans des liens durables. Nous savons außi ce qu’il faut penser de ses rapports avec Marianna Dionigi, voire la comteße d’Albany, & que ces rapprochements étaient tout littéraires. En vérité ce n’était pas cela, au milieu de tant d’événements fameux, qui pouvait le consoler de coucher sur la paille, roulé dans son manteau, ou d’affronter l’escopette des Calabrais. La seule chose qui comptât vraiment pour lui, le seul désir qui le guidât dans cette épopée où tant de ses camarades recueillaient des dotations & des honneurs, c’était de poursuivre sa chimère de savant, son idéal de lettré.
Ah ! comme une inscription antique, comme la vie d’un beau marbre sont des choses qui l’émeuvent ! Quoi de plus touchant à considérer que ce paysan de Touraine, dont la volonté de Napoléon a fait un chef d’escadron d’artillerie, & qu’un goût secret, un attrait invincible pour tout ce qui touche à l’antiquité obligent à se pencher sur ces vestiges, à étudier les débris d’un paßé deux fois millénaire ? Tantôt à Bologne dans les riches jardins, à Rome à la villa Borghèse, il s’attarde à déchiffrer, « sur un beau vase d’albâtre », des caractères demi effacés par les âges ; une autre fois, nous le surprenons à la vue d’une statue que le fer des vainqueurs a brisée à peu près dans un autre lieu. « Je pleure, fait-il savoir à Chlewaskj, son ami polonais, je pleure encore un joli Hermès enfant que j’avais vu dans son entier, vêtu & encapuchonné d’une peau de lion, & portant sur son épaule une petite massue. »
Voilà bien de ses traits. Celui-ci est proprement délicieux ; mais il en est d’autres ! Et comment ne pas l’entendre sans émotion parler, comme cela lui advint plus tard dans l’un de ses factums, de cette fièvre, de cette ivreße qui l’amena à retrouver « dans la poußière des bibliothèques d’Italie les chefs-d’œuvre perdus de l’antiquité grecque ? » Tantôt Xénophon, tantôt Hérodote ou Plutarque étaient l’objet de ses soins ; mais l’auteur ancien qui l’emportait, pour lui, au-deßus des autres, était Longus. « Puiße Longus retrouver en moi un traducteur digne de lui ! » Voilà déjà le souhait qu’il exprimait dès son séjour de jeuneße à Toulouse, à peu près vers 1796, devant son ami Dalayrac.
N’ayant pas vingt ans, & versé dans les lettres grecques, il trahißait dès le début son attachement à cette belle œuvre. Toute sa vie, il s’en occupa avec ferveur. Nous savons aujourd’hui qu’à Strasbourg il y pensait ; il y pensait à Naples, beaucoup plus tard, quand il s’en entretenait avec Francesco Daniele ; à Bologne avec Renouard, peu de temps avant l’affaire de la tache d’encre, il supputait déjà sa fameuse découverte du fragment inédit. Lors de la Restauration, le soir, à la Chavonnière, à la lueur d’une lampe, il y travaillait toujours. Et de quel cœur, au milieu des soucis de son procès, lors de son incarcération à Sainte-Pélagie, il s’appliquait à perfectionner, pour le libraire Corréard, une édition qu’il jugeait n’être pas digne encore de son cher Longus !
Ce berger, cette bergère : Daphnis & Chloé, Courier les chérißait à peu près autant que dans le conte lui-même le vieillard Philétas. A vrai dire, il semblait qu’ils fußent l’un & l’autre un peu ses enfants. Il ne pouvait arriver à se séparer de leur image. Cela est si vrai que, dans toutes les campagnes auxquelles il prit part sous Napoléon, il porta longtemps dans son bagage deux objets qui ne ceßèrent jamais, dans les pires moments, de lui apporter joie & consolation : une Iliade dans l’édition grecque de Turnèbe, d’abord ; puis des feuillets épars de ce Daphnis auquel depuis tant d’années déjà il travaillait. Ainsi, un peu en deçà de ces temps, avait fait un autre auteur, ce Chateaubriand que l’on avait vu, entre Trèves & Thionville à l’armée des princes, ouvrir bien des fois son havresac & corriger sur son genou, son fusil placé à côté de lui, les feuillets premiers d’Atala.

II

Daphnis et Chloé par Pierre-Paul Prud'hon Daphnis et Chloé par Pierre-Paul Prud'hon. L a gloire d’avoir, le premier après Amyot, « remis en lumière l’œuvre amoureuse » du sophiste grec, voilà vers la fin de sa Lettre à Renouard, ce que Courier si âprement conteste à l’Italien del Furia. Cette gloire, à la vérité, c’était la sienne ; & il est bien certain que, pour celle-là, il eût donné toutes les autres : celles que le monde apporte ou que, si généreusement alors, dispensait la guerre.
Au-deßus de tout, dans ses travaux & dans sa vie, le vigneron des bords de Loire & Cher place cette entreprise mémorable : la traduction de Daphnis & Chloé, la publication complétée & revue de l’ouvrage ancien de Longus. Et cela est si vrai, qu’une fois cette entreprise menée à bien, le fragment de Florence enfin découvert & remis en place dans la pastorale, Courier n’entend pas qu’on lui ménage l’approbation. Sa nature susceptible, portée naturellement à noircir tous les objets, ne laiße pas de prendre feu außitôt qu’il devine, à l’endroit de Chloé, à celui de Daphnis, un peu de ménagement, une légère tiédeur. A Mme de Salm, qu’il honorait & vénérait pourtant au point d’avoir composé en son honneur l’Éloge d’Hélène, n’alla-t-il pas une fois, dans son dépit, jusqu’à présenter des reproches sur le peu de chaleur avec lequel elle accueillait son ouvrage ? « Vous avez l’air, dit-il, de parler froidement de mon Longus, comme si j’y avais fait quelque petit ravaudage ; mais, Madame, songez que je l’ai reßuscité ! Cet auteur était en pièces depuis quinze cents ans. On n’en trouvait plus que des lambeaux. »
L’on sait ce que fut pour Courier cette résurrection & la persévérance qu’il apporta à donner de Daphnis & Chloé une version intégrale. Lui-même a dit plus tard, dans une lettre à Sylvestre de Saci, toutes les peines, tous les tourments que lui valut cette entreprise : jusqu’aux policiers italiens, aux gendarmes français que cela mit à ses troußes ! Ajoutons, tant les choses se gâtèrent, non seulement à cause de l’affaire du « pâté d’encre » comme le dit Sainte-Beuve, mais surtout en raison de l’irrégularité de sa situation militaire découverte au même moment, que Paul-Louis faillit bien dans l’aventure laißer sa liberté & même sa vie.
Il ne faut pas oublier, en effet, lorsqu’éclata la querelle du manuscrit de Florence, soulevée par le bibliothécaire del Furia à propos de la tache laißée par Courier au manuscrit de Longus, que notre helléniste était à peu près un déserteur. Depuis l’année précédente, l’état-major de l’armée avait perdu sa trace, & comme il avait quitté son corps en Autriche un peu après Wagram, pour revenir en Italie par la Suiße, non muni de permißion régulière, le général Gaßendi, directeur de l’artillerie au Ministère de la guerre, s’était contenté d’écrire sur son doßier, en regard de son nom : « On ne sait ce qu’il est devenu depuis la fin de 1809. »
Or, depuis 1809, Courier, plus dégoûté que jamais des grandes batailles & qui, semblable en cela à son cher Amyot, n’aimait guère à contempler les héros que dans Plutarque, c’est-à-dire dans les livres, avait de nouveau franchi les alpes ; il avait recommencé ses pérégrinations à travers cette terre idéale des humanistes, des grands lettrés de la Renaißance que la patrie de Dante & de Boccace n’avait ceßé d’être. Avec une impatience d’amoureux, une fois de plus il revenait vers sa chère Florence. Il savait qu’à Florence était l’objet de son cœur, ce manuscrit grec de Daphnis & Chloé que le préfet de la Laurentienne, Francesco del Furia, à la recommandation de monsignor Marini & de l’abbé Andrès, avait placé une fois sous ses yeux.
Il y avait de cela à peu près deux ans. C’était à la fin de 1807, ou le commencement de 1808. Et comme Paul-Louis, en feuilletant le texte de la pastorale que le signor Furia lui avait communiqué, n’avait pas été sans remarquer la présence du fameux paßage ignoré d’Amyot, sa pensée, son ambition, son rêve n’aspirait plus dès lors qu’à revenir dans cette riche Laurentienne, à prendre enfin copie de ce fragment précieux. Cela, à la vérité, n’était pas facile ; non seulement parce qu’il lui fallait se méfier de Furia & de son acolyte Bencini, mais encore parce que ce manuscrit de Daphnis & Chloé était en bien des points indéchiffrable. «  En vérité, il faut être un peu sorcier pour le lire », fait savoir, dès le 16 octobre 1809, durant un arrêt à Milan, Courier à M. Clavier. Mais, sorcier, Courier l’était ; il l’était à chaque fois qu’il s’agißait de ses chers Grecs. Sans tenir compte des obstacles, nous allons voir qu’il mena tout cela rondement, en homme qui a fait la guerre.
Arrivé à Florence, il se présenta tout de go au domicile du bonhomme Furia ; de là il se rendit à la Laurentienne. A peine Bencini, Furia & lui y furent-ils aßemblés, & le manuscrit ouvert devant eux, que Courier fit part aux deux Italiens de son intention de faire imprimer le texte de la pastorale tel qu’il l’avait sous les yeux. Il ajouta que cette édition serait accueillie avec une faveur d’autant plus grande qu’elle apporterait au public tout un long fragment demeuré inconnu d’Amyot, & que Paul-Louis leur montra du doigt dans le manuscrit. Le plaisant est que le sieur Furia avait paßé lui-même de longs mois, Courier dit même des années, à travailler le texte du sophiste, & que jamais il ne s’était aperçu de la présence d’un paßage außi néceßaire à l’intelligence du récit.
Ce fut là, pour le préfet de la Laurentienne, un coup qui l’atteignit au plus haut point dans son prestige. Il faut lire, dans la Lettre que Courier adreßa peu après à Renouard, l’impression que cela produisit sur le personnage. «  Sa surprise fut extrême, écrit Paul-Louis, & quand il eut reconnu que ce morceau n’était pas seulement de quelques lignes, mais de plusieurs pages, il me fit pitié, je vous aßure. D’abord il demeura stupide : vous en auriez peut-être ri ; mais bientôt vous auriez eu peur, car en un instant il devint furieux. Je n’avais jamais vu un pédant enragé ; vous ne sauriez croire ce que c’est. »
Del Furia dißimula d’abord tant bien que mal le dépit & la rancœur qui l’animaient contre Courier ; mais voici que ce dernier, par une étourderie dont il faillit bien toute sa vie porter le poids, vint, de lui-même, fournir des armes à son adversaire. Nous voulons parler de cette affaire de la tache d’encre, qui ne tarda pas, en peu de journées, & par les conséquences qui s’ensuivirent, à devenir pathétique. Paul-Louis s’est expliqué bien des fois plus tard sur cet événement. D’abord dans sa Lettre à Renouard. « Pour marquer dans le volume (le manuscrit de Longus), dit-il, l’endroit du supplément, j’y mis une feuille de papier, sans m’apercevoir qu’elle était barbouillée d’encre en deßous. Ce papier, s’étant collé au feuillet, y fit une tache qui couvrait quelques mots de quelques lignes. » Puis, dans une lettre, datée du 9 mai 1810, adreßée à M. Lamberti, à Milan : « Un papier, qui me servait à marquer dans le volume l’endroit du supplément, s’est trouvé, je ne sais comment, barbouillé d’encre en-deßous, & s’étant collé au feuillet, en a effacé une vingtaine de mots dans presque autant de lignes : voilà le fait. ».
Il faut avouer que ce fait était malheureux, & que de Furia n’eût point été del Furia s’il n’eût trouvé là l’occasion d’une vengeance, d’une vendetta venue fort à propos, & dont il importe de reconnaître qu’il tira tout le parti imaginable. D’abord il commença par se lamenter, se plaindre, & le Bolonais, voire le Géronte, preßés de coups par Arlequin, ne se montrent pas, dans la Commedia, plus gémißants ni bouffons. A la vue d’« un si horrible spectacle, s’écriait le Furia avec emphase (il voulait parler de la tache d’encre), un frißon glacé s’empara de tous mes membres stupides… ma voix s’arrêta dans mon gosier… ». Mais, cette fois, le signor bibliothécaire en recouvrit außitôt l’usage. Et ce fut pour élever des imprécations, parler de poursuites, ordonner que l’on imprimât un factum dans lequel Courier était accusé nommément d’avoir taché exprès le paßage retrouvé de Longus afin de s’en réserver l’usage.
M. Gaschet écrit que ce pamphlet, dirigé contre un Français & publié sous forme de lettre, eut un retentißement considérable. Mais il est un autre fait qui causa au moins autant de tumulte & que le même biographe a conté avec humour. C’est le refus de la dédicace opposé par Paul-Louis au désir que la grande ducheße de Toscane, Elisa Bonaparte, la sœur même de l’Empereur, avait exprimé de voir son nom figurer en tête d’une traduction qui faisait tant de bruit & dont elle serait fière, disait-elle, d’accueillir l’auteur. Le Préfet de Florence était alors le baron Fauchet ; non sans maladreße, ce haut fonctionnaire exposa un soir à table, dans un grand dîner & devant de nombreux convives, la satisfaction que ce serait pour la granduchessa de recevoir cet hommage.
Irrité déjà par l’affaire de la tache d’encre, trop fier pour se plier à de pareils ordres, même déguisés, Paul-Louis Courier, que son opposition à tout ce qui de près ou de loin touchait au nom de Napoléon poußait à se montrer irréductible, resta sourd aux démarches malheureuses du Préfet. Mieux même : afin de tenir tête à l’ennemi, c’est-à-dire à del Furia, pour éviter en même temps de se soumettre à un ordre de dédicace qu’il jugeait humiliant, notre Tourangeau s’empreßa de brusquer les choses. Au lieu de s’adreßer à Renouard, qui s’était engagé à imprimer le Daphnis à paris, il va trouver le libraire Piatti & fait paraître coup sur coup à Florence, sa fameuse édition grecque à 52 exemplaires & son édition française à 64. Suprême imprudence ! Outré du manque de parole de Courier, Renouard, à la date du 11 mai 1810, sous prétexte de se disculper d’avoir été mêlé, même de loin, au scandale de la tache d’encre, adreße au comte Portalis, alors Directeur général de la librairie en France, un placet sous forme de plainte.
Il résulta außitôt de ces démarches un réveil de toute l’affaire ; Furia et la granduchessa aidant, il ne se trouva pas, à ce moment, dans la péninsule, de brigand qui fût recherché autan que Courier. Mais où la chose devint menaçante & faillit tourner au tragique, c’est quand le nom de Paul-Louis, prononcé dans le public, répandu dans les pamphlets & les gazettes, parvint à la conaißance du ministre de la Guerre, qui justement, sans que l’on sût ni pourquoi ni comment, avait, depuis une année, égaré un officier qui répondait à ce signalement. Außitôt, de Paris, le général Gaßendi envoya des ordres au général Sorbier, commandant en chef l’artillerie de l’armée d’Italie, qui se trouvait pour lors à Vérone, & par ces ordres lui intimait d’exiger du délinquant des explications sur ce qu’il appelait sa désertion. Pendant ce temps, la saisie des exemplaires grecs & français du Longus était opérée chez Piatti à Florence, à la requête de Portalis.
Dans une extrémité außi menaçante, le coupable de tant de méfaits jugea qu’il serait prudent de s’éloigner un peu de Florence. S’il y a un lieu charmant au monde, c’est Tivoli. Et c’est bien parce que c’est là le décor le plus propre à rêver à Chloé, à penser à Daphnis, à se consoler à la vue des arbres, au chant des cascades, dans le souvenir des dieux, de toutes les malices & méchancetés des hommes, que Paul-Louis se réfugia dans cet endroit. De Tivoli, à l’un de ses amis, officier comme lui-même, il adreßa à ce moment sa fameuse lettre écrite à l’automne, je pense sous une tonnelle, à l’ombre de ces vignes roußes & de ces glycines qui sont l’enchantement de ce séjour. « Ah ! mon ami, mes affaires sont bien plus mauvaises encore qu’on ne vous l’a dit. J’ai deux ministres à mes trousses, dont l’un veut me faire fusiller comme déserteur, l’autre veut que je sois pendu pour avoir volé du grec. »
Heureusement pour Courier, l’affaire s’arrangea le mieux du monde. Au dire de Griois, le général Sorbier était un vieux brave incapable de faire fusiller qui que ce fût. Il se contenta des explications plus ou moins acceptables que le chef d’escadron voulut bien lui donner sur sa défection après Wagram. Au général Gaßendi, Courier adreßa en même temps une habile & longue lettre, un plaidoyer plutôt dans lequel il soutenait sa bonne foi & disait que, s’il était déserteur, c’était sans le savoir.
Ses affaires militaires réglées du côté de Gaßendi, ses affaires de libraire ne tardèrent pas à l’être du côté de Portalis. C’est alors qu’il put souffler un peu ; mais, quoi qu’il entreprît désormais, sa réputation d’homme agreßif et bourru, de pamphlétaire au sarcasme virulent, était établie à tout jamais. A tout jamais selon le mot plaisant d’Akerblad, Courier restait, dans l’esprit public, « l’éditeur militaire qui a donné des coups de sabre dans le Longus ! »

III

Daphnis et Chloé par Pierre-Paul Prud'hon Daphnis et Chloé par Pierre-Paul Prud'hon. I l arriva une fois à l’auteur de ces lignes de suivre les bords du cher, auprès de Véretz ; & comme c’était par un beau jour, sous un ciel limpide, devant l’un de ces horizons de Touraine ou tout apparaît parfaitement sobre & mesuré, il ne put s’empêcher de se souvenir de tout ce que Gœthe a écrit de beau & de grand sur le paysage de Daphnis. Tout uniment, Gœthe le compare à ceux de Poußin, & fait remarquer non sans justeße que ce paysage « est deßiné en quelques traits avec tant de précision que nous voyons derrière les personnages, dans les parties hautes chargées de vignes, les prairies, les potagers, & plus bas les pâturages, la rivière, les petits bois… ».
A la vérité, Gœthe, qui se souvient lui außi de l’Italie, a vu & contemplé les mêmes sites que Courier. En décrivant le cadre de cette pastorale, il se rappelle tout ce que naguère encore il admira à Tivoli ou Albano. Les lignes générales, les traits d’ensemble, sur ces bords du Cher, ne se fondent certes pas tout à fait außi doucement dans la lumière. Cependant s’il est un lieu au monde où les potagers, les prairies, les pâturages mêmes se font voir aux bords d’eau pareßeuses, sinueuses & d’un gris charmant, c’est bien sur ces rives françaises. Quant aux vignes, nous les devinons là-bas sur les hauteurs, au-deßus de Véretz.
Il est certain que Courier fit ici plus d’une fois la vendange. Sa plume s’en est reßentie : & quand il a écrit, dans sa pastorale, les travaux de Bacchus, c’est bien en se souvenant qu’il cueillit & foula lui-même les grappes. M. Robert Gaschet, qui composa, sur le style vieilli de Courier, un intelligente & claire dißertation, va jusqu’à écrire qu’il y a, dans Daphnis & Chloé, « des mots dialectaux empruntés au parler de Touraine », enfin que c’est en venant se mêler aux paysans, travailler avec les vendangeurs, que l’émule d’Amyot trouva nombre de « ces expreßions savoureuses & naïves dont il se servira pour traduire les émotions de Daphnis ou décrire ses occupations rustiques ». Emprunter au langage des villageois autant qu’à celui des vieux maîtres : un Rabelais, un Henry Estienne, un Bonaventure des Périers, demeura, dans presque toutes ses œuvres, ses pamphlets autant que ses traductions, l’un des usages les plus constants de Courier ; & que l’on peut dire que c’est là ce qui donna bien souvent au style du vigneron de la Chavonnière cette vigueur d’expreßion, ce relief, enfin ce moelleux & cette fineße que M. Louis Dimier loua justement chez notre auteur.
Fénelon, qui avait lu le Daphnis d’Amyot comme nous lisons celui de Courier, c’est-à-dire comme une belle œuvre toute en mesure & en proportions, ne ceßait, en son temps déjà, de vanter ce vieux langage dans ce qu’il a de court, de naïf, de hardi, de vif. L’on sait que Courier, dans la Préface de sa traduction, quelque sévère qu’il se fît voir vis-à-vis de son devancier, écrit de son côté « qu’il ne peut rien de mieux » que certains endroits de l’ouvrage d’Amyot. Rien n’est plus exact : & il est bien certain que, sans le secours d’Amyot, la pastorale de Longus, présentée par Paul-Louis, n’eût sans doute revêtu jamais un éclat außi nuancé, ni brillé d’außi vives & suaves couleurs. La vérité est que, privé d’un guide si sûr, rompu à tous les secrets du langage, Courier, qui se rattrape, pour gourmander l’évêque d’Auxerre, sur des lacunes de textes, des bévues de grammairien, n’eût jamais atteint à cet achèvement, à cette perfection dont son travail apparaît le modèle.
Sainte-Beuve, à qui rien n’échappait de ces nuances, ne s’est pas laißé prendre aux reproches bien exagérés, aux critiques souvent partiales que le chef d’escadron d’artillerie adreßa, sous forme de notes et de préface, au prélat son maître. « Son style, va-t-il jusqu’à dire, est un combiné de tous ces styles (le style antique, le style du XVIe siècle) ; c’est de l’Amyot plus court, plus bref & plus aiguisé. » Et tout außitôt il ajoute : « c’est du Montaigne moins éclatant & plus aßoupli ». Si, de plus, on considère comme Gœthe, en Daphnis & Chloé, un poème autant qu’un récit, on peut tenir pour aßuré que Courier ne s’est pas limité à la seule étude des prosateurs français de la Renaißance. Le « petit béat de zéphyr », « vanner le blé au vent » sont, pour ne prendre que celles-là, des expreßions que l’on rencontre communément dans du Bellay ou dans Ronsard.
La langue de Courier, que nous voyons se montrer si aiguë dans les Pamphlets, coupante & nette au point de rappeler celle de Voltaire, aime ainsi par contraste, & lorsqu’il s’agit des traductions à pareßer bien joliment parmi des locutions & des souvenirs chers aux anciens de la Pléiade. De là, principalement dans Daphnis, ces réminiscences, ces archaïsmes que Béranger, le compagnon de captivité de l’écrivain à Sainte-Pélagie, n’allait pas sans reprocher tout en souriant au vigneron, mais que lui le Tourangeau trouvait si substantiels, si vivants, faisant corps si étroitement dans les fables des Grecs qu’il ne pouvait s’empêcher d’en user abondamment. Le grammairien, autant que le traducteur, se délectait en lui de ces vieux termes. L’on peut même dire qu’il y mettait une sorte de gloire, & quelquefois außi un peu de mépris. « Les gens qui savent le grec, disait-il, lui-même (Lettre à M. Renouard), sont cinq ou six en Europe, ceux qui savent le français sont en plus petit nombre. »
« Peu de matière & beaucoup d‘art », voilà encore l’un de ses axiomes. Celui-là, qui est tout claßique, se rencontre dans une lettre à Clavier datée de 1805, & dans laquelle il dit qu’il serait plaisant de traiter dans le goût antique, c’est-à-dire dans celui de Salluste & d’Hérodote, l’expédition du général Bonaparte aux Pyramides & en Syrie. Tant de nudité, de sévérité, qui sont le propre d’un pascal, d’un La Bruyère, enfin de ceux qui pratiquèrent aux grands jours d’autrefois une sorte d’ascétisme littéraire, ne peut parvenir pourtant à exclure en entier ce doux & ce fleuri langage qui sont, dans le genre pastoral, une parure obligée. Courier, qui sait ce que vaut celle-ci, & qui l’emploie, se montre de la sorte le fils de cette Touraine, vrai jardin de la France, dont les châteaux, fouillés à souhait dans leur architecture, se font voir comme le fleuron le plus parfait de ce XVIe siècle si docte & si poétique.
Il ne faut pas oublier que tous les sentiments ornés du cœur, une sorte de préciosité amoureuse, enfin de galanterie affinée & délicate, habitèrent longtemps dans ces belles demeures, ces résidences magnifiques. Chateaubriand le savait, qui vint rechercher une fois à Véretz les traces de l’abbé de Rancé, non du Rancé de la Trappe, mais de celui d’avant le cloître & qui servait Mme de Montbazon. A cette occasion, il a trouvé séant d’écrire : « Dans les bois de Larçay, jadis propriété de Rancé, dans les parcs de Montbazon, parmi des noms qui rappelaient une ancienne vie, le 11 avril 1825, on trouva un cadavre. » Il est avéré en effet que ce forfait odieux, l’aßaßinat de Paul-Louis Courier, fut perpétré la veille de ce jour, le 10 avril 1825, environ, au milieu des bois.
Longtemps on put croire que c’était là le dénouement d’un drame politique, une sorte d’épilogue aux secrètes vengeances des partis. Mais depuis les témoins ont parlé, les coupables eux-mêmes ont confeßé leurs crimes, & nous avons aujourd’hui, par les dépositions faites devant la justice & que M. Louis André fouilla & commenta depuis si habilement, que les aßaßins, en se concertant au cabaret du Chêne-Pendu pour combiner leur action homicide, n’avaient fait que préparer un dénouement sanglant au plus vil & banal des drames d’adultère.
A la Chavonnière, comme à la Filonnière ou à la Véronique, ces propriétés de Touraine aux noms chantants, dans lesquelles Courier, épris de ces bords du Cher & de la Loire, vécut de longues années, la mémoire du pamphlétaire habite toujours. Cette mémoire du partisan, toute faite d’ombre & de lumière, suffit-elle à en masquer une autre, moins véhémente : celle du traducteur, de l’artiste épris de beau langage auquel nous devons Daphnis & Chloé ? En vérité, il serait injuste de le prétendre. Il suffit de venir à Véretz pour oublier ce Courier de « picquante mémoire » (H. de Balzac), débraillé, un peu cynique, « large rire, rictus de satyre », & que Sainte-Beuve, qui le rencontra une fois chez Delécluze, compare à un Grec sauvage, un chevrier de l’Attique ». A la faveur d’un paysage harmonieux de Touraine, de ces bois charmants, enfin d’un horizon chargé de vignobles, & qui se prolonge, plus loin que Montlouis, jusqu’à Vouvray, il est bien d’évoquer un Paul-Louis tout différent : le cavalier de l’armée d’Italie, brillant causeur, amateur paßionné des arts, de la beauté, des lettres ; celui qui, par un coup de fortune éclatant, retrouve une fois, sous la poußière des bibliothèques, ce conte pastoral qui, selon Sainte-Beuve, est un chef-d’œuvre, & dont Gœthe, qui le lisait une fois par an, déclarait que c’était un si juste & si parfait poème qu’un livre entier ne suffirait pas à vanter le charme, en épuiser le mérite.


[1] Note ci-dessous donnée par Jean-Pierre Lautman
C’est au début des années 1790 que Pierre Didot, dit Didot l’Aîné forma projet de publier une édition de Daphnis et Chloé en trois langues : grec, latin, français. Pierre-Paul Prud’hon et François Gérard furent sollicités par l’éditeur pour lui fournir des illustrations à insérer dans la traduction d’Amyot. Vraisemblablement réalisés en 1794-95, les dessins de Prud’hon furent gravés par Barthélémy Roger en 1799, ceux de Gérard par Godefroy, Marais et Massard. Conçus pour illustrer le livre I de la pastorale, les trois dessins de Prud’hon (hauteur 20,8 cm, largeur 14,7 cm) représentent le chevrier Lamon découvrant Daphnis allaité par une chèvre, la gentille cigale retirée par Daphnis du sein de Chloé et le bain de Daphnis et Chloé. Ce dernier dessin où culmine l’art de Prud’hon montre une scène naïve exempte de toute lascivité. On y voit les deux jeunes gens nus ; Chloé, debout, trempe avec hésitation le bout de son pied droit dans l’eau pour en apprécier la température cependant que Daphnis, assis, la regarde avec un sourire amusé. A l’arrière-plan, juchées sur un bloc de pierre, trois nymphes dansent en rond en se tenant la main. Ces trois dessins furent exposés au salon de Paris de 1796. Les originaux des deux artistes furent reliés dans un exemplaire de l’édition en grec, imprimée sur vélin par Didot en 1800. Cet exemplaire fut offert à Junot, duc d’Abrantes, en janvier 1807, peu après sa seconde nomination comme gouverneur de Paris. La Bibliothèque nationale de France, département des Imprimés, est propriétaire des trois dessins. En 1793, Prud’hon avait réalisé des dessins préparatoires de ces illustrations aux crayons noir et blanc sur papier bleu. Celui qui représente la scène du bain avait été acquis par le duc d’Aumale ; il se trouve au musée Condé, à Chantilly.
Notons que Prud’hon avait réalisé un dessin tout différent de la scène du bain (hauteur 10,4 cm, largeur 6,6 cm) pour illustrer une édition en italien de Daphnis et Chloé publiée également en 1800 mais celle-là par… Renouard. L’influence de Corot imprègne ce dessin.  Note1

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